mercredi 24 juin 2009

Vacances

Je pars en vacances loin d'internet, mais, rassurez-vous, même si je ne pourrai pas poster, il y a de fortes chances que j'écrive...

Il faudra attendre la 2ème semaine de juillet pour la suite des aventures de Peter !

mardi 23 juin 2009

Cicatrices - Chap 8 : 180°C (3)

– C'est vrai... mais tout de même, vous m'avez menti.
Peter eut un petit rire.
– Parce que bien sûr, tu aurais été ravi de nous entendre dire « Jack, tu sais, nous faisons parti des gens que tu méprises, mais restons bon amis. »
Jack eut le bon goût de paraître gêné, mais il se reprit vite.
– Quand j'ai su pour toi, j'ai demandé à Tom en face s'il était un pédé, et il m'a répondu « non » en me regardant droit dans les yeux.
– Tu sais, pédé, c'est l'apocope de pédéraste. Et même si par extension, ça veut dire homosexuel, tu ferais mieux d'éviter de l'employer afin de bien éclaircir les choses dans ta tête.
Jack ne répondit rien, aussi Peter demanda bien qu'il sache que ce n'était pas délicat de sa part :
– Qu'est-ce qu'est devenu ton oncle ?
– Prison. C'est grâce à ma demi-sœur. Elle a vu que j'allais pas... elle a réussi à me faire parler... et ensuite, mes parents ont été mis au courant. Ça a été horrible.
– Désolé.
Le téléphone de Jack se mit à sonner. Il le sortit de sa poche, le regarda et le rangea.
– C'est Tom. Cherche à me joindre depuis hier. Mais je veux pas le voir.
– Pourquoi ? Tu me reparles, non ?
– Ouep, mais Tom a abusé en me mentant ainsi.
– Il voulait juste ne pas te perdre.
– Mais il a bien voulu faire une croix sur toi... Je comprends pas trop à dire vrai.
Révéler l'amour de Tom pour Jack, arrangerait-il la situation ? Sans doute que non.
– C'était pour ne pas te blesser plus. Est-ce qu'on ne pourrait pas tout oublier et...
– Ce serait trop simple de pouvoir tout oublier, coupa Jack. Je ne peux pas lui pardonner aussi facilement.
Il parlait de Tom, mais semblait penser à son oncle.
– En tout cas, moi, je ne vous en veux pas de m'avoir ignoré pendant des semaines. C'est pourquoi j'espère que tu ne feras pas la gueule à Tom trop longtemps...
– Okay.
– Si Tom te présente ses excuses dans les règles de l'art, tu voudras bien te montrer grand seigneur ?
– Tu veux dire, comme toi ?
– Comment ça ?
– Toi, tu fais comme si je ne t'avais pas insulté et snobé...
L'homophobie de Jack avait toujours été pénible, mais savoir d'où cela venait, savoir que cela pouvait changer puisque Jack semblait prêt à lui parler de nouveau et même à se confier, c'était énorme. C'était précieux. Quant au baiser... autant ne plus y penser... Au fond, cela signifiait peut-être que Tom avait une chance avec Jack ?
– Je suis pas rancunier. Allez, j'appelle Tom.

lundi 22 juin 2009

Cicatrices - Chap 8 : 180°C (2)

– Qu'est-ce qui s'est passé ?
– Un type aux cheveux rouge l'embrassait devant la porte de chez lui... Je m'y rendais... J'étais un peu en avance. On devait se faire un ciné.
Impossible de mentir pour Tom. Un « tu es sûr que tu as bien vu, Jack ? » n'allait pas le sauver. Peter resta silencieux. A sa grande surprise, Jack l'attrapa par les épaules et le plaqua contre le mur.
– Tu savais que Tom était une pédale comme toi ! Tu le savais !
Le beau visage de Jack s'était tordu sous l'effet de la fureur. Peter détourna les yeux.
– Oui...
– Pourquoi vous me colliez aux basques ? J'étais quoi pour vous, une couverture ? Ou alors quoi, j'attire les pédés ?!
Soudainement Jack rapprocha son visage de celui de Peter et pressa sa bouche contre celle du jeune homme. Il le relâcha immédiatement et s'essuya les lèvres. Peter resta figé contre le mur, complètement halluciné par ce qui venait de se passer.
– T'es content maintenant ? Foutez-moi la paix ! Sales pédés ! cria Jack.
Peter reprit ses esprits. Il passa les doigts sur ses lèvres pour chasser le goût du baiser que Jack lui avait imposé, puis monta la voix à son tour :
– Attends un peu Jack ! C'est toi qu'est pas net ! Et puis de quoi t'as peur ? Personne ne t'a demandé de devenir homo ! La tolérance, tu sais ce que c'est ?
– Vous n'êtes que des porcs et des menteurs, et je ne veux rien à voir à faire avec vous !
– Et qui c'est qui vient de m'embrasser de force ?
Les yeux verts de Jack se voilèrent.
– Va pas au crier au viol non plus, moi je sais ce que c'est...
Ah ! C'était donc ça les « bonnes raisons » d'être homophobe de Jack.
– Tu ne peux pas mettre tout le monde dans le même panier, même si... commença Peter d'un ton plus calme.
– Va dire ça à mon oncle. Je n'avais que dix ans, que dix ans...
La voix de Jack s'était brisée et il était devenu extrêmement pâle. Il se souvenait, sans doute. Malgré l'aveu choquant de Jack, Peter ne put s'empêcher de pointer que ce dernier se trompait de cible.
– C'est de la pédophilie. Un pédophile, un pédéraste et un homosexuel, ce n'est pas la même chose.
– Où veux-tu en venir ?
– Être homosexuel, c'est être attiré par des hommes du même sexe. Le pédéraste s'intéresse aux jeunes adolescents, et le pédophile aux enfants d'un sexe ou l'autre.
Brusquement, les traits de Jacks se détendirent et c'est d'un ton presque amusé qu'il déclara :
– Depuis quand tu es devenu un dictionnaire...
– Tout ça pour dire, où as-tu vu que Tom ou moi allions te sauter dessus pour te violenter ?

vendredi 19 juin 2009

Cicatrices - Chap 8 : 180°C (1)

Clarence et Peter avait discuté jusqu'au moment où leurs routes avait divergé. La soirée les avait considérablement rapprochés et ils s'étaient quittés amis. Peut-être seraient-ils plus un jour, mais pour le moment, ce n'était pas au programme... Peter n'avait pas définitivement fait une croix sur l'homme à la cicatrice.
Le jeune homme se gratta le front avec son crayon à papier. Et, chassant les évènements de la veille de sa tête, il replongea dans la lecture de l'ennuyeux ouvrage critique sur Ronsard. Il était décidé à ce que son dimanche soit studieux et il avait même coupé son mobile pour être sûr de ne pas être déconcentré. Nathan était une fois de plus parti en vadrouille, aussi il avait la chambre pour lui tout seul, ce qui était plus confortable pour étudier.
Quand il le ralluma, après s'être brossé les dents, il constata qu'il avait un message sur le répondeur. Un bref instant, le jeune homme se prit à rêver que c'était l'homme à la cicatrice qui avait appelé, mais c'était juste Vicky qui voulait sa version de la soirée de samedi. Il ravala sa déception et haussant les épaules, il se dit qu'elle pouvait bien attendre lundi qui arriverait bien assez vite.

Seulement, lundi, Peter n'eut pas l'occasion de voir Vicky. A la sortie de son premier cours de la matinée, Jack l'attendait. Il avait l'air complètement bouleversé et Peter sut de suite qu'il raterait le cours suivant. Les yeux verts de Jack étaient troubles, perdus. Peter se dirigea vers lui :
– Je peux quelque chose pour toi ?
Cette simple question sembla ranimer Jack qui s'énerva :
– C'est toi qu'as contaminé Tom avec tes saloperies, hein ?
Quelques têtes se tournèrent dans leur direction, et Peter essaya de faire comprendre à Jack qu'ils feraient mieux de discuter ailleurs. Dans un premier temps, celui-ci ne voulut rien en attendre, mais accepta finalement de trouver un bout de couloir désert. Ils marchèrent côte à côte en silence. Peter ne put s'empêcher de remarquer que Jack gardait un large espace vide entre eux, comme s'il était un pestiféré. En même temps vu qu'il voyait l'homosexualité comme une maladie transmissible, ce n'était guère étonnant. Il croyait même que c'était à cause de Peter que Tom était gay, le comble ! Le jeune homme se redemanda une fois de plus comment Tom s'était trahi auprès de Jack.
– Maintenant, dis-moi pour Tom, est-ce que tu savais, est-ce que c'est toi qui l'as poussé ? attaqua Jack bille en tête quand ils furent arrivés dans un coin tranquille.
– Pourquoi tu n'abordes pas le sujet avec lui ? demanda doucement Peter qui ne savait pas trop quoi dire.
La détresse remplaça brièvement la colère chez Jack.
– Je ne pouvais pas ! Je ne peux pas !

jeudi 18 juin 2009

Cicatrices - Chap 7 : Jalousies (5)

Clarence se retourna à son tour, plein de curiosité. Liam et le mec baraqué se tenaient debout devant eux. Le compagnon de Liam était laid décida Peter. Et son nom, Célestin était ridicule, pensa le jeune homme dès que les présentations eurent été faites.
– Vous voulez qu'on essaie de se trouver un coin de table ? proposa Liam..
A l'idée de se retrouver face à Célestin plus longtemps, Peter se sentit pâle. S'ils leur prenait l'envie de s'embrasser, il pèterait un câble. Rien que l'idée que Liam avait ou allait caresser Célestin avec ses larges mains, le faisait frémir d'horreur.
– Nous avons d'autres plans pour la soirée, désolé, répondit Peter tout en attrapant Clarence par la taille pour le serrer contre lui.
Il avait agi sans réfléchir, mû par le désir aigüe de se tirer au plus vite de cette situation. Clarence ne protesta pas même s'il eut l'air un peu embarrassé. Célestin parut amusé et il déclara :
– Allez Liam, tu vois qu'on gêne.
L'homme à la cicatrice fronça légèrement les sourcils, puis acquiesça.
– A la prochaine !
Les deux hommes s'éloignèrent et Peter relâcha Clarence.
– Désolé.
– Ce n'est rien. C'était Liam, c'est ça ?
– Tu sais vraiment tout...
– Tout ce que tu as dit à Vicky en tout cas. Mais ce n'est pas comme si toi, par exemple, tu ne savais pas ce qui s'est passé entre le dernier gars ramené par ma sœur et moi. Quel con celui-là ! Ces derniers mots ont été « T'as été chiant, t'as fallu une semaine pour te décider à baiser... »
La colère animait à présent le visage de Clarence.
– Elle ne me l'avait pas dit.
Clarence se recouvra les yeux de la main.
– Mince... souffla-t-il.
– Sortons.
Peter entraîna le jeune homme hors du bar. Au final, il n'était pas très tard. Ils n'avaient même pas besoin de se presser pour attraper le train. Clarence, sans doute gêné par ses révélations, était silencieux à présent.
– Tu retrouveras bien quelqu'un. Et moi aussi, dit finalement Peter tandis qu'ils marchaient vers le métro.
– On pourrait se mettre ensemble, murmura Clarence si bas que Peter ne faillit pas l'entendre.
– Je... Je ne sais pas.
– Moi non plus... En tout cas, si tu veux que je t'aide à rendre jaloux ton Liam, pas de soucis...
– Eh bien... je n'ai pas tout dit à ta sœur... mais, vu comment on s'est rencontré lui et moi, ça risque pas de marcher.
– En tout cas, il n'avait pas l'air ravi de te voir accompagné...
Le cœur de Peter se gonfla d'un espoir déraisonné.
– Tu crois ?
– Je peux pas être sûr...
(Fin du Chapitre 7)

mercredi 17 juin 2009

Cicatrices - Chap 7 : Jalousies (4)

Quand ils parvinrent au comptoir pour commander leurs boissons, Peter eut une surprise de taille. Tom, les cheveux blonds en bataille, le sourire commercial aux lèvres était là. Il travaillait ici comme le prouvait son t-shirt noir moulant où figurait le nom du bar en lettres argentées. C'était ça son job du samedi soir ! Peter lui aurait bien demandé pourquoi il ne lui avait pas dit, mais il le comprit de suite. Tom n'avait pas le temps de bavarder, il travaillait. En un instant, ils se retrouvèrent avec leurs bières en main. Le sourire de Tom s'était fait plus amical et il avait eu l'air sincèrement content de voir Peter en bonne compagnie, mais s'était contenté d'un « salut, ça va » somme toute assez impersonnel. Clarence rappela à Peter sa présence :
– On se trouve un coin pour se poser ?
Finalement, ils s'adossèrent à un bout de mur, non loin de la piste de danse.
– C'était Tom ? demanda Clarence. Vicky m'a parlé de lui, ajouta-t-il.
– Oh. Ta sœur et toi, vous vous racontez tout ?
– Pas exactement. Cependant, j'imagine que tu en sais beaucoup sur moi aussi, donc, ce n'est que justice.
– Si tu le dis...
– Il est sexy.
– Qui ?
– Tom, répondit Clarence avant de regarder la pointe de ses chaussures avec beaucoup d'intérêt.
– Mais comme Vicky a déjà dû te dire, il me snobe parce qu'il en pince pour Jack qui...
– ...trouve que nous sommes des gens dégoûtants. Oui, je sais.
C'était agréable d'arriver enfin à parler avec Clarence. Soudain, à travers les lumières changeantes, et les mouvements de foule, Peter aperçut une silhouette qu'il reconnu immédiatement. Liam. C'était la soirée !
– Hey, ça va ?
Peter se tourna vivement vers Clarence, ennuyé d'avoir laissé transparaître son trouble. Il hocha distraitement la tête, et, malgré lui, il chercha de nouveau des yeux l'homme à la cicatrice. En vain. Il crut presque avoir rêvé.
– Tu as vu quelqu'un que tu connaissais ?
– Oui, mais j'ai dû me tromper.
A peine avait-il dit ces mots que Peter vit de nouveau Liam. Ce dernier avait un bras passé autour de la taille d'un mec assez baraqué.
– Tu veux qu'on s'en aille ?
Ils avaient à peine fini de boire leur bière, mais Peter acquiesça. Un sentiment douloureux lui oppressait la poitrine. Ils quittèrent leur mur et progressèrent lentement vers la sortie. Ils en étaient encore loin quand une main toucha légèrement l'épaule du jeune homme.
– Peter ?
Comme au ralenti, Peter fit volte-face, sachant parfaitement qui l'avait abordé.

mardi 16 juin 2009

Cicatrices - Chap 7 : Jalousies (3)

Il ne le vit pas. Il faut dire qu'ils ne restèrent pas très longtemps dans le bar. Pas question de rater le dernier train ! Malgré cette déception, Peter avait passé une bonne après-midi et une agréable soirée. A un moment, il s'était demandé quel goût avait les lèvres pâles de Clarence. A un autre, il avait imaginé enlacer le corps mince et souple du jeune homme et tout oublier dans un corps à corps enfiévré. Cependant, ces pensées s'étaient envolées aussi vite qu'elles étaient venues. Clarence et lui avait beaucoup de points communs, il avait pu le constater à de nombreuses reprises au cours de la soirée, peut-être trop. Et qui a envie de sortir avec son « clone » ? Dans le bar, Clarence avait beaucoup râlé : l'air était irrespirable, la musique trop forte, la lumière trop rose. Vicky s'était un peu agacée des plaintes de son frère, mais pas Peter. Il lui avait même donné raison. Sans les insistances de la jeune fille, il ne faisait aucun doute que Peter et Clarence n'auraient pas prévu de se rendre la semaine prochaine dans des bars gays du Marais exclusivement réservés aux hommes. Vous me raconterez tout, hein ? Il était évident que la jeune fille cherchait à caser son frère. Avec lui ou avec n'importe quel inconnu rencontré dans un bar. Quant à Peter, il ne savait pas trop ce qu'il voulait. Ou plutôt, ce qu'il désirait était impossible.

Les cours à la fac furent rendu moins pénibles par la présence de Vicky. Peter avait découvert avec surprise et plaisir qu'ils avaient pas mal d'heures de cours en commun. La jeune fille parlait beaucoup, et posait pas mal de questions. A la fin de la semaine, Peter avait appris tout un tas de choses sur la vie de Vicky et de son frère, mais s'était aussi retrouvé à en dévoiler plus que prévu sur la sienne. A présent la jeune fille savait que son frère jumeau et lui ne s'entendait pas, connaissait Jack et Tom de vue et était au courant de l'existence de l'homme à la cicatrice. Peter, lui, avait retenu des bavardages de Vicky que la jeune fille n'avait pas de chances avec les mecs et qu'elle s'inquiétait beaucoup pour son frère qui lui faisait régulièrement part de son mal être et de ses envies suicidaires.

Quand le samedi soir arriva enfin, c'est avec une certaine appréhension que Peter retrouva Clarence à la station Saint Paul du métro ligne 1. Il le trouva encore plus efféminé que dans son souvenir.
– Salut !
– B'soir. J'ai imprimé les renseignements sur les bars, si tu veux voir... annonça Clarence.
– Non, ça va. On peut aller dans celui que tu veux.
Ils marchèrent en silence jusqu'à la première adresse repérée par Clarence, entrèrent et ressortirent dans les trois minutes. La foule y était trop dense. Dans le deuxième, ils restèrent à peine plus. La musique était beaucoup trop forte pour eux.
– Tu l'avais choisi à cause des gogo dancers qui se savonnent sous la douche ? osa demander Peter dès qu'ils eurent regagnés l'air libre.
– J'avoue.
– On essaye un troisième ?
– Il faut bien qu'on ait un truc à raconter à Vicky, alors oui.
Le troisième fut le bon. Le volume sonore était très élevé, mais la musique était plus à leur goût et même s'il y avait énormément de monde, c'était supportable.

lundi 15 juin 2009

Cicatrices - Chap7 : Jalousies (2)

Plutôt que de laisser le silence se prolonger, Peter se jeta à l'eau.
– J'espère que ma présence ne te gêne pas trop.
– Non, mais...
Clarence n'acheva pas sa phrase et parut de nouveau fasciné par le tapis. Le frère de Vicky lui ressemblait un peu, songea Peter. Lui aussi avait souvent du mal à dire ce qu'il pensait. Il n'osait pas, tout simplement.
– Mais quoi ? Je ne sais pas ce qui s'est passé la dernière fois que ta sœur a ramené quelqu'un ici, mais...
Peter se mordit nerveusement l'ongle du pouce et n'alla pas plus loin. Ils devaient avoir l'air fin tout les deux ! Heureusement Vicky revint, une grosse boîte sous le bras.
– J'ai le jeu. Vous vous entendez bien ?
Peter faillit éclater de rire. Pendant qu'elle y était, elle n'avait qu'à leur demander s'ils étaient devenus amis en l'espace de trois minutes !

Ils avaient à peine fini de mettre le jeu en place que le mobile de la jeune fille sonna. Elle s'excusa, le sortit de sa poche pour regarder qui c'était, puis s'assombrit. Elle sembla lutter un bref instant avec elle-même, puis éteignit le téléphone. Toute sa joie avait disparu. C'était son ex à coup sûr.
– Oublie cet idiot, déclara Clarence.
– Je voudrais bien, gémit la jeune fille.
– Faut que tu te changes les idées, dit Peter.
Lui, il était venu ici précisément pour ça. Pour ne pas penser à Liam.
– Nous pourrions sortir ce soir, ajouta-t-il.
Les yeux bleus de Vicky s'éclairèrent.
– Dans un bar gay ? demanda-t-elle.
Peter n'y avait pas songé, mais en voyant à quel point cette idée lui plaisait, il se résigna par avance.
– Les filles aussi ont le droit d'y entrer, non ? poursuivit Vicky.
– Pas dans tous, répondit Clarence.
– Comment tu sais ça, toi ? Tu ne sors jamais ! s'exclama la jeune fille.
– Parce que je me suis renseigné sur la question sur internet.
– Je ne pensais pas que cela t'intéressait...
Le frère et la sœur semblaient avoir oublié sa présence, mais cela ne gêna pas Peter. Il pensait à sa propre relation avec son frère.
– Simple curiosité. Le bruit, le monde, très peu pour moi.
– Tu n'auras qu'à faire un effort ce soir ! Tu connais des adresses, Peter ?
– Euh... Ouais.
Une, pour être exacte. Et juste parce qu'il s'y était rendu une fois... Le cœur de Peter battit un peu plus fort à l'idée qu'il pourrait peut-être revoir l'homme à la cicatrice là-bas.

samedi 13 juin 2009

Cicatrices - Chap7 : Jalousies (1)

Après s'être quelque peu égaré dans les rues, Peter arriva à l'adresse que lui avait indiqué Vicky. Il hésita un instant avant de sonner : il était tenté de tourner les talons. Cela lui faisait bizarre de se rendre chez des quasi-inconnus qui étaient au courant de sa sexualité. Finalement, il pressa le bouton et Vicky, qui devait guetter son arrivée, se précipita pour lui ouvrir en grand le portail. Elle avait de larges cernes sous les yeux, mais elle souriait. Dans l'entrée de la maison, Peter fit la connaissance de ses parents. Le jeune homme était gêné, mais Vicky bavardait pour quatre. Toutefois, quand la jeune fille partit chercher son frère, il y eu un moment de malaise. Finalement, la mère de Vicky demanda à Peter ce qu'il comptait faire plus tard avec son diplôme de Lettres Modernes. La question n'était pas vraiment confortable pour le jeune homme, dans la mesure où il n'avait pas d'idée précise pour la question, mais il allait y répondre pour éviter que le silence ne se prolonge, quand des éclats de voix l'en empêchèrent.
– Je t'ai déjà dit de ne plus faire ça !
– Mais il est très sympa !
– Ha ! Tu le connais depuis quoi, un jour ou deux , Qu'est-ce que tu sais de lui, hein ?
– Il ne faut pas avoir le mal partout.
– Tu te crois au pays des Bisournous ? Ça ne t'a pas suffi la dernière fois ?
– Tout le monde n'est pas comme ça. Peter s'est montré très gentil avec moi.
Les parents de Vicky étaient visiblement partagés entre l'embarras et l'amusement. Peter, lui, ne savait plus où se mettre.
Clarence et Vicky apparurent. Le frère de cette dernière avait une façon très féminine de se mouvoir. Il était le genre de type sur lequel les gens se retournent en disant : « Lui, il est homo, c'est sûr. » Et pour le coup, c'était vrai.
– Bonjour, moi, c'est Peter, déclara le jeune homme en tendant la main vers Clarence.
Ce dernier la serra à contrecœur. Il avait la main moite. Quand il lui lâcha la main, Peter se retint de l'essuyer sur son jeans.
– Et si nous passions à table, proposa la mère de Vicky d'un ton aimable.
La petite troupe gagna le salon. Durant le délicieux repas, Vicky et ses parents firent la conversation. Peter n'eut qu'à glisser un mot ou deux. Clarence lui, se contenta de manger en silence. Il semblait étrangement déplacé dans cette bruyante famille. Peut-être s'y sentait-il mal à l'aise, songea Peter tout en écoutant distraitement le père de la jeune fille parler de leur dernier voyage. Une fois le repas terminé, les parents de Vicky, les laissèrent « s'amuser entre jeunes. »

– Que diriez-vous d'un jeu de société ? Pourquoi pas "Les aventuriers du rails "? Tu connais, Peter ? Nous y jouons souvent en famille. Les règles sont très simples.
– Je suis d'accord pour y jouer, mais il va falloir m'apprendre les règles, répondit Peter.
– Je vais chercher le jeu à l'étage, profitez-en pour faire connaissance, déclara Vicky et elle disparut.
Peter jeta un coup d'œil inquiet à Clarence qui semblait perdu dans la contemplation des motifs floraux du tapis du salon.

vendredi 12 juin 2009

Cicatrices - Décalage

Exceptionnellement, le début du chapitre 7 de Cicatrices sera posté demain. :)

jeudi 11 juin 2009

Cicatrices - Chap6 : Seul(4)

Une voix mâle se dit entendre à leur droite :
– Bah alors, tu sèches ton cours de linguistique ?
C'était le « connard » qui était la cause des larmes de la jeune fille. Vicky pâlit et se tut, tout son enthousiasme éteint. Peter la prit par la main et ignorant l'ex de cette dernière, il l'entraîna plus loin dans le couloir.
– Tu devrais te dépêcher de te rendre à ton cours.
Vicky acquiesça et lui adressa un pauvre sourire.
– Ceci dit, avant ça, il va falloir que tu me files ton numéro de téléphone si tu veux que je vienne séduire ton frère samedi, dit Peter d'un ton volontairement comique.
Cette tentative pour dérider Vicky fonctionna à merveille et celle-ci bavarda jusqu'à sa salle de cours.

La porte de la salle se referma sur la jeune fille, et Peter se retrouva de nouveau seul. Il regarda les numéros de téléphone qu'il avait entré dans son mobile et soupira. Il ferait peut-être bien de faire du ménage. Jack, Tom, Liam... Que des numéros inutiles ! Il devait passer à autre chose. Laisser le temps cicatriser les plaies que chacun avait laissé dans son cœur. Il aspirait à l'oubli... A quoi pouvait donc ressembler Clarence ? Avait-il les mêmes yeux bleus que Vicky ? Était-il grand ou bien petit comme elle ? Et ces parents trop beaux pour être vrais qui avaient accepté aisément l'homosexualité de leur fils, comment étaient-ils ?
Peter ne put se résoudre à effacer les numéros. Il n'avait pas le courage de tourner complètement la page. Il espérait encore un retournement de situation. Bien sûr Liam n'allait pas tout à coup l'appeler pour lui déclarer qu'il l'aimait, mais peut-être qu'il se rendrait compte que coucher quelques fois de plus avec lui ne changerait rien.
En même temps, est-ce que Peter aurait su se contenter longtemps d'une relation purement sexuelle ? A peine plus de quatre ans que ma fille ! Le jeune homme secoua la tête. Il ne voulait plus y penser. Son mobile vibra dans sa main. C'était un message de Vicky. Plus exactement une photo. Clarence. Il était brun et avait les yeux noisettes comme l'homme à la cicatrice. Physiquement, il était son type. Maintenant, l'inverse n'était peut-être pas vrai. Et puis, Vicky cherchait un ami pour son frère, pas un amant... ? Difficile à dire. Dans tous les cas, se rendre là-bas samedi l'occuperait et lui éviterait de remâcher encore et encore sa peine.

(Fin du chapitre 6)

mercredi 10 juin 2009

Cicatrices -Chap6 : Seul(3)

– Tu sais, c'est à cause du connard au dernier rang qui lèche la poire à la blondasse, poursuivit Vicky. Il m'a plaqué, y a peine cinq minutes et il se tape déjà l'affiche avec elle sans se soucier de mes sentiments. Sans compter qu'il m'a trompé avec elle. Moi, je l'aimais... Dis, toi, tu ne me briseras jamais le coeur, hein ?
La tirade de Vicky surprit Peter qui se sentit obligé de répondre :
– Si tu ne tombes pas amoureuse de moi, il n'y a aucun risque.
Vicky lui jeta un regard pénétrant.
– Tu ne serais pas homo, toi ?
Peter sursauta. Qu'est-ce qu'il avait dit pour qu'elle pose cette question ? Avant qu'il ait eu le temps de répondre, le prof arriva au bureau et se mit à parler tout en installant ses affaires.
L'avantage et l'inconvénient du premier rang, c'est qu'il obligeait à être studieux. Pas moyen de glisser discrètement un mot à son voisin. Avec ce prof, il n'y avait pas de pause, aussi ce n'est qu'au terme des deux heures de cours que Vicky parla de nouveau à Peter. Elle sortit en même temps que lui de la salle et le suivit dans le couloir :
– Je ne voulais pas te gêner avec ma question, tu sais. A chacun sa sexualité, mais en fait, si tu es bien homo...
– Pourquoi penses-tu ça ? l'interrompit Peter.
– Ta phrase. L'intuition. Et puis ta façon de me regarder.
Même si la curiosité de Vicky était mal placée, il n'émanait d'elle aucune hostilité,
– Pourquoi tu veux savoir ça ? demanda le jeune homme, préférant continuer à éviter de répondre.
– Pour mon petit frère. Il est gay et il est assez mal dans sa peau et je me dis que s'il fréquentait plus de gens comme lui, il irait peut-être mieux.
– Il a quel âge ?
– Clarence a juste un an de moins que moi. C'est un grand timide.
Vicky était trop bavarde, trop confiante. Elle avait généreusement mis entre parenthèses sa propre peine pour s'occuper de son frère, mais sa façon de vouloir l'aider semblait maladroite. Malgré tout, Peter se dit que cela ne lui ferait pas de mal de rencontrer le fameux Clarence. Continuer à se morfondre seul dans son coin était trop pénible.
– Cela me ferait plaisir de rencontrer ton frère.
Le visage de Vicky s'illumina.
– Que dirais-tu de passer samedi midi à la maison ? On pourrait faire la surprise à Clarence... Bien sûr, il faudra que je prévienne pa' et ma', mais ça ne devrait pas poser de problème. Tu manges de tout ?
Vicky allait beaucoup trop vite pour Peter qui avait du mal à assimiler toutes les informations.
– Ne t'en fais pas, hein, nos parents sont cools. Super tolérants et tout. Le coming-out de Clarence est passé comme une lettre à la poste, continua la jeune fille.
Peter se mit à envier Clarence tout en se demandant quelle était sa tactique pour arrêter le babillage de sa sœur.

mardi 9 juin 2009

Cicatrices -Chap6 : Seul (2)

Peter secoua la tête à ce souvenir. Il s'essuya, remonta son pantalon, quitta les toilettes et revint sur le banc. Même maintenant, il avait peine à croire que Liam ait une fille de dix sept ans. Cependant, au fond, le plus gênant, ce n'était pas la fille, mais la femme qui se cachait derrière. L'homme à la cicatrice était peut-être encore marié. Le jeune homme avait du mal à respirer à cette idée. En même temps, son appartement avait tout de celui d'un célibataire. Il se demandait également si Liam était vraiment beaucoup plus vieux que lui tout en sachant que cela n'avait plus aucune importance. L'homme à la cicatrice lui avait bien fait comprendre que son « jeune » âge lui posait problème. Peter n'avait plus reçu de coup de fil de Liam et n'avait pas osé rappelé. Et maintenant, il en était là. Solitaire et malheureux. S'il ne s'était pas agi de lui, la situation lui aurait presque paru cocasse. L'homme qu'il aimait préférait ne plus le voir en raison de son jeune âge tandis que son pote homosexuel prenait le parti de leur ami homophobe en lui disant « Désolé, vieux. » Sans aucun appétit, Peter mâchonna son sandwich, tout en continuant à rejouer inlassablement les mêmes scènes, se répétant les mots qui nourrissait sa douleur.

L'heure du déjeuner s'acheva et Peter se rendit en cours. Jack était déjà là, assis au dernier rang, pas loin d'un couple qui se bécotait sans se soucier du regard des autres. Leurs yeux se rencontrèrent, mais Jack se détourna vivement. Le couple en faisait un peu trop, songea Peter tout en avançant vers le bureau du prof. Derrière lui un sanglot se fit entendre. Spontanément le jeune homme se retourna. Une fille assez petite aux boucles châtains foncés avait les yeux pleins de larmes. Il hésita sur la conduite à suivre. Cette peine résonnait étrangement avec la sienne. Finalement, sans rien dire, il sortit de sa poche un mouchoir en papier qu'il lui tendit. La fille leva ses grands yeux bleus mouillés vers lui et le prit avec reconnaissance. Peter alla ensuite s'asseoir au premier rang. La pleureuse le suivit et choisit la chaise d'à côté.
– Merci, murmura-t-elle.
Le jeune homme se contenta de lui répondre par un léger sourire.
– Je m'appelle Vicky, dit la fille en achevant de se tamponner le visage avec le mouchoir.
Peter n'avait pas guère envie de parler, mais il fit un effort. Visiblement son interlocutrice avait besoin d'une oreille amicale.
– Moi, c'est Peter.
– Tu dois me trouver bête hein de pleurer comme ça, hein?
Pleurer en public semblait étrange au jeune homme, mais il ne le dit pas. Il compatissait au chagrin de Vicky sans en savoir la cause.

lundi 8 juin 2009

Cicatrices -Chap6 : Seul (1)

La capuche relevée, Peter remonta la rue son sandwich poulet crudités à la main. Le ciel pleurait. Il s'engouffra dans la fac, le coeur lourd. De façon masochiste, il choisit d'aller s'installer très exactement sur le banc où deux semaines plus tôt, Jack lui avait tourné le dos. Un gros soupir s'échappa des lèvres de Peter. Depuis la malencontreuse découverte de Jack, quinze jours plus tôt, sa vie à l'université était devenue bien solitaire. Pas de frère, pas d'amis, pas d'amant. Il était ignoré, méprisé, oublié. A l'université, comme il était seul, il passait une bonne partie de ses pauses de midi à ruminer les évènements qui l'avait conduit à cette pénible solitude. Une fois de plus il songea à la dernière soirée passée avec Liam, juste le lendemain de « Ne m'approche plus ! », juste après le « Désolé vieux. »

L'homme à la cicatrice était arrivé avec vingt bonnes minutes de retard. Il s'était excusé d'avoir fait attendre Peter qui lui avait volontiers pardonné tellement il était content de le voir. La pizza avait été livrée assez tard, mais cela n'avait pas gêné Peter qui avait faim d'autre chose. Au souvenir des doigts qui s'étaient glissés en lui, le jeune homme sentit son sexe se durcir dans son pantalon. Incapable de se calmer, Peter se leva avec précipitation de son banc et gagna les toilettes. Liam avait sucé son pénis, mordillé ses tétons. A présent à l'abri des regards, Peter déboutonna son pantalon, tira la fermeture éclair et dégagea son sexe en érection. D'une main, il le caressa tandis qu'il se pinçait les tétons de l'autre. Liam avait mis les mains sur ses hanches et l'avait pénétré. Ses mouvements de va-et-vient avaient d'abord été lents, puis s'étaient fait rapides avant de se ralentir de nouveau. La main de Peter bougeait au rythme de ses souvenirs. Son halètement se confondait avec celui du passé. Il éjacula.

Après ça, ils avaient finalement mangé et discuté. Liam était revenu sur l'incident du téléphone portable. Il craignait avoir causé du tort à Peter en révélant quelque chose qu'il ne fallait pas à un de ses collègues. Le jeune homme avait une fois de plus choisi de ne pas préciser qu'il était toujours étudiant. Ils avaient parlé d'homophobie. Tu sais, nous sommes tous homosexuels en fait. Peter avait protesté, mais Liam avait continué : Toutes les personnes qui se masturbent en tout cas. Peter avait objecté que ce n'était pas pareil. Bien sûr, mais quand même, quand on y songe, on se demande pourquoi certaines personnes sont autant dégoûtées par les couples ayant le même sexe. Peter avait alors de nouveau parlé de Jack et s'était laissé aller à mentionner la méprise de ce dernier devant l'une des portes de l'université. Il avait bêtement prononcé le mot fac et la question était tombée. Toujours étudiant ? Tu as quel âge en fait ? Le jeune homme avait retardé encore un peu le moment fatidique en demandant quel âge lui donnait Liam. J'aurais dit vingt-six ans. Peter s'était dit qu'il n'était pas trop loin du compte et qu'à vingt et un ans, il était largement majeur, alors il avait avoué son âge. A peine plus que quatre ans que ma fille ! s'était exclamé l'homme à la cicatrice et il avait eu l'air tout à coup diablement embêté.

vendredi 5 juin 2009

Cicatrices -Chap5 : Amis ? (6)

– Désolé. Bref, ça te dit de passer demain soir ?
– 21 heures comme la dernière fois ?
– Si manger de la pizza te tente, tu peux venir à 20 heures.
– J'adore la pizza.
Liam rit et déclara :
– Parfait, à vendredi 20 heures alors.
– A demain...
Le jeune homme éteignit son mobile et le rangea. Entendre la voix de Liam avait été très doux. La perspective de la soirée à venir lui remontait le moral. En attendant, il allait devoir affronter le cours à venir dans la même salle que Jack...

Peter découvrit cependant que ce dernier avait sèché. Après un mouvement de soulagement, le jeune homme s'inquiéta. Jack avait dû aller voir Tom. Bien que ce dernier soit déjà au courant de son homosexualité, Peter réalisa qu'il ne savait pas comment son ami allait réagir. Le jeune homme eut du mal à accorder toute son attention au cours. Dès que la cloche eut sonné, il se précipita hors de la salle et essaya d'appeler Tom. Son ami décrocha promptement et lui dit :
– Hello Raoul !
– Jack est avec toi, je parie.
– Ouais.
– On peut se voir ?
– Ouais.
– Dans une demi-heure devant chez toi ?
– Ça marche. A plus !
Cela avait été bref, mais Tom n'avait pas refusé de lui parler et cela le rassure.

Malheureusement, quand il retrouva son ami, les choses ne se passèrent pas aussi bien.

– Ecoute, vieux, c'est hors de question que je prenne le risque de te parler ou de te voir après aujourd'hui.
Tom lui jeta un regard coupable, puis secoua la tête. Ses yeux verts étaient visiblement tristes, mais il avait fait son choix. Son amour sans espoir l'avait emporté sur l'amitié qu'il éprouvait pour Peter. Ce qui blessait le plus Peter dans l'histoire, c'était de savoir. Il aurait préféré ne pas être au courant de l'homosexualité de son ami, de l'amour qu'il ressentait pour Jack. Son rejet aurait été moins terrible, moins réfléchi. Il aurait pu se dire que c'était à cause des préjugés contre les gays. Mais là, pas moyen de se leurrer.
– Je ne comprends pas ! Je t'avoue que je ne comprends pas !
Sans que Peter l'ait voulu, sa voix était devenue aiguë. Il se mordit nerveusement un ongle.
– Je ne veux pas perdre Jack.
– Mais enfin, il est homophobe ! Si jamais il découvre que tu...
– T'as pas intérêt à lui dire ! s'exclama Tom avec violence.
– Tu crois vraiment que tu vas pouvoir lui cacher toute ta vie ?
– Et pourquoi pas ?
Peter ne répondit pas. La direction que prenait la conversation ne lui plaisait pas. Tom avec son indélicatesse habituelle allait lui faire remarquer qu'il n'aurait pas dû prêter son mobile. Lui s'insurgerait, révèlerait que cela ne faisait que quelques semaines qu'il y avait des risques à le faire, que jusque là, il ne fréquentait personne...
– Laisse tomber ! Je resterai dans mon coin à partir de maintenant...
Je te laisserai bien tranquille avec ton Jack chéri. Peter pensa très fort cette dernière phrase, mais se retint de la dire tout haut.
– Désolé, vieux.
Peter regrettait par avance ce « vieux » qu'il n'allait plus entendre... Le pire dans tout ça, c'est qu'il sentait que les plaisanteries de cet idiot de Jack allaient également lui manquer.

(Fin du Chapitre 5)

jeudi 4 juin 2009

Réédition du roman 12 + 1 = ?

Réédition du roman Boy's Love 12 + 1= ? avec arrangement de la mise en page et correction de petites fautes. Il s'agit d'une réédition, il n'y a donc rien de neuf dedans.
L'amélioration de la mise en page fait passer le livre un peu en dessous de 200 pages (197 pour être exact), ce qui entraîne une diminution définitive du prix qui sera désormais 14,69€.

La plupart d'entre vous ayant acheté le livre lors de sa promotion de Saint-Valentin où il coûtait 13,69€ au lieu de 15,69€, j'espère que personne ne se sentira lésé.
Acheter 12 + 1 = ?
Acheter 12 + 1 = ?

mercredi 3 juin 2009

Cicatrices -Chap5 : Amis ? (5)

Peter s'éloigna d'un pas tranquille vers les toilettes les plus proches, poussa la porte, dédaigna les urinoirs pour prendre un cabinet fermé. Il pissa, se lava les mains, les sécha rapidement avec l'appareil soufflant, puis ressortit pour rejoindre Jack... Celui-ci avait l'air bouleversé. Peut-être un problème avec sa famille ?
– Ça va ?
– Non, aboya Jack en lui décochant un regard mauvais.
– Ta mère a...
La voix de Peter mourut. Jack avait posé son mobile sur son sac et le regardait comme s'il était devenu un serpent venimeux...
– T'es une putain de pédale, hein ? cria Jack en se levant.
Quelqu'un passa dans le couloir, se retourna, mais ne s'arrêta pas. Peter se dit qu'il pouvait nier, mais il ne put s'y résoudre : il voulait savoir ce que Liam avait dit au téléphone. C'était forcément lui qui avait dû appeler et laisser échapper un élément qui avait permis à Jack d'arriver à cette conclusion.
– Qu'a dit Liam ?
Le regard de Jack se fit encore plus dur et son ton grimpa d'un cran :
– Ne me mêle pas à vos histoires de tapettes ! Et ne m'approche plus !
Sur ces mots il récupéra ses affaires et s'éloigna à grand pas. Sa désertion n'était pas surprenante, mais était tout de même blessante. Peter se laissa tomber sur le banc. Il restait un petit quart d'heure avant le cours. Il se mettrait au premier rang... Après un long soupir, il attrapa son mobile en se demandant pourquoi Jack avait décroché. Il constata qu'il avait été éteint. Il le ralluma et rappela Liam.
– Bonjour, c'est Peter...
– Je suis content que tu me rappelles, on a été coupé tout à l'heure et quand j'ai essayé de te joindre à nouveau, je suis tombé direct sur ton répondeur...
– Désolé, ce n'est pas moi qui ait décroché... C'était un... ami.
Peter buta sur le mot. Le temps passé était doublement adapté.
– Je lui avais prêté pour qu'il puisse appeler sa mère, précisa-t-il.
Il y eut un bref silence au téléphone.
– Il a dû croire que c'était sa mère qui le rappelait sur ton mobile alors... J'espère ne pas l'avoir trop choqué...
Qu'avait pu dire l'homme à la cicatrice ? Peter n'osa pas lui demander de répéter.
– Deux hommes qui se tiennent par la main suffirait à le rendre malade, répondit le jeune homme avec amertume.
Un bruit ressemblant furieusement à un raclement de gorge se fit entendre.
– Désolé. Bref, ça te dit de passer demain soir ?

mardi 2 juin 2009

Cicatrices -Chap 5 : Amis ?(4)

Ils jouèrent toute l'après-midi. Jack qui possédait la Game Cube était évidemment meilleur que ses deux amis que ce soit à Mario Cart ou à Soul Excalibur. Concentré sur l'écran, Peter oublia tout. Cependant, au moment de partir, il lut sur le visage de Tom une tristesse qui le peina. Comment avait-il fait pour ne pas remarquer avant que son ami aimait Jack ? Il n'avait pas su interpréter les signes, voilà tout. L'amour, quelle chose étrange tout de même...
– A lundi, vieux !
Peter fit un signe de la main à Tom, puis prit le chemin de chez lui. Que faisait donc Liam ? A quoi donc allait-il occuper son dimanche ? Lui téléphonerait-il bientôt ? Le jeune homme soupira. Il ne fallait plus y penser. Se concentrer sur Ronsard, voilà ce qu'il fallait faire.

Après un dimanche studieux, lundi et sa routine habituelle arriva. Mardi passa. Pas d'appel. C'était pénible de ne pas avoir de nouvelles, de ne pas savoir ce que l'homme à la cicatrice faisait. Au moins Tom, lui, passait la majeure partie de son temps en compagnie de Jack. Ce qui n'était pas toujours un avantage, Peter s'en rendait bien compte. Jack s'était en effet montré fort charmant à l'égard d'une fille sous les yeux tristes de Tom. Mercredi, dans l'après-midi, Peter craqua. La main tremblante, il appela le numéro de Liam qu'il avait rentré quelques jours plus tôt dans son téléphone. La voix grave, un peu rauque de l'homme à la cicatrice se fit entendre dans le combiné :
– Je ne suis pas disponible pour le moment, mais n'hésitez pas à laisser un message et je reprendrai contact avec vous au plus vite.
Partagé entre la déception et le soulagement, Peter raccrocha. Il se serait baffé d'être content d'avoir entendu une voix enregistrée ! Contrairement à ce qu'il espérait, Liam ne le recontacta pas le soir... Et jeudi fut là.
– T'es bien pensif dis-donc... déclara Jack, tirant Peter de ses pensées.
Le jeudi midi, ils mangeaient sans Tom, car ils étaient en cours au moment où celui-ci avait sa pause casse-crôute.
– Ouep. Désolé.
– C'est pas grave...
Jack lui fit un large sourire et se mit à lui parler d'un de ses mangas favoris qu'il lui avait prêté quinze jours plus tôt. La sonnerie d'un mobile interrompit le semi-monologue. C'était celui de Jack. Ce dernier répondit promptement :
– Allo ? Ah, c'est toi, mam, qu'est-ce qu'il y a ?
Peter se leva, décidant que c'était un moment opportun pour filer aux W.C. Avant qu'il n'ait eu le temps de s'éloigner du banc où ils étaient installés, Jack l'interpella :
– Peter ! Tu veux bien me filer ton tél ? Le mien vient de rendre l'âme. Et j'ai pas mon chargeur...
– Pas de soucis.
Le jeune homme se pencha, pêcha au fond de son sac son mobile et le tendit à Jack.
– Merci !

lundi 1 juin 2009

Cicatrices -Chap 5 : Amis ?(3)

Le silence se prolongea un moment avant d'être rompu par Tom :
– Ça va pas, vieux ?
Sans doute intrigué par son changement d'attitude, Tom s'était également calmé et arborait un visage soucieux. Peter releva le tête. Il n'avait pas envie de se confier. Pas maintenant.
– Ouep. Tu m'as fait penser à quelque chose, c'est tout...
– T'as raison, j'aurais dû te demander... Je n'avais pas planifié tout ça. C'est Raoul qu'a voulu venir... Je l'aurais mis dehors si tu t'étais pointé ici et qu'un plan à trois ne t'avait pas tenté...
Peter esquissa un sourire. Il pouvait pardonner Tom. Il avait l'air vaguement repentant... Et puis, cela ne devait pas être drôle tous les jours d'aimer Jack sans espoir de retour.
– Je me suis un peu emporté aussi...
– Ouais, mais t'avais raison. Coucher avec ses amis, c'est risquer de briser une amitié.
Sans compter que ce qui différencie l'ami de l'amoureux, c'est essentiellement l'aspect platonique de la relation, songea Peter.
– Je... Je me sentais mal hier soir, ajouta Tom. Seul.
Admettre cette faiblesse semblait lui avoir coûté.
– Jack a fait quelque chose ?
– Nope. Juste beaucoup parlé de filles... Et combien la petite brunette du cours d'anglais était craquante...
Peter tapota l'épaule de Tom de façon compatissante. Il imagina l'homme à la cicatrice en train de faire du plat à un autre que lui, et son cœur se serra douloureusement.
– N'y pense plus. J'ai besoin de ton intelligence supérieure pour la dissert sur Ronsard.
– Tu bosses déjà dessus ?
Peter acquiesça. La petite musique du mobile de Tom retentit dans la pièce. Ce dernier mit une minute avant de mettre la main dessus. Peter n'eut pas besoin de demander qui c'était, le visage de Tom s'était éclairé d'un doux sourire qui ne laissait pas de doute : c'était Jack.
– Ouais. OK. Pas la peine. Oui, il est là. Il voulait de l'aide sur Ronsard. Mais non. Il devrait pas y avoir de problèmes. OK, OK, je lui demande.
Tom éloigna sa bouche du téléphone et se tourna vers Peter.
– Vieux, ça te dit d'aller chez Jack cet après-midi ? Mario Cart au programme !
– Je veux bien, mais tu ne préférais pas être seul avec lui ? répondit Peter tout bas.
Son ami secoua négativement la tête.
– Il est OK. Ouais. Ouais. A toute !
Tom ferma le clapet du téléphone et le rangea dans son sac.
– Quand tu es là, c'est plus facile de résister à la tentation, déclara-t-il.
Peter sourit un peu amèrement... et lui qui allait le retenir d'avouer à l'homme à la cicatrice ce qu'il ressentait pour lui ?