lundi 7 octobre 2019

Bleu Ciel Océan - 33

— Je viens aux nouvelles, déclara Yoshio d’un ton jovial dans le combiné.
Sa façon d’aller droit au but était déconcertante, mais était toujours préférable aux coups de fils fréquents de sa famille pour s’enquérir de sa santé. Sa mère ne manquait jamais de demander si ses souvenirs lui étaient revenus. Wata ne lui suffisait pas, elle voulait Wataru, cette partie inaccessible de lui-même. Yoshio, lui, se moquait de son amnésie du moment qu’elle ne l’empêchait pas de dessiner. Enfin, ce n’était pas tout à fait vrai, il considérait que sa perte de mémoire constituerait une excellente manière d’accrocher le lecteur.
— Je suis prêt à dessiner mon aventure, annonça directement Wata sans perdre de temps lui non plus.
Il n’en pouvait plus de tourner en rond dans son appartement trop silencieux aux murs trop blancs et au plafond trop bas. Il étouffait dedans, incapable d’oublier l’île et Lukas
— Très bien, très bien.
Yoshio se mit à exposer la manière dont allait se dérouler les choses, comme si Wataru était un mangaka débutant, ce qui était vrai en un sens et faux dans un autre, car ce que son responsable éditorial évoquait lui était bizarrement familier.
Commencer à dessiner l’île et Lukas le poussa à contacter ce dernier. Même si cela n’aboutissait à rien, à défaut de le voir, il avait besoin d’entendre sa voix. Son absence à ses côtés était d’autant plus douloureuse qu’il était le seul à connaître Wata tel qu’il était actuellement, et pas cet autre de lui-même qui s’était noyée quelque part dans l’océan.
— Lukas…
Il n’eut pas besoin d’en dire plus. Lukas le reconnut de suite.
— Wata !
Il y eut un blanc. Et puis, Lukas le surprit en parlant en japonais. Il prenait des cours. Il voulait savoir où Wata habitait, son téléphone et son mail.
Wataru lui transmit toutes ses informations, le cœur battant.
La conversation s’arrêta à nouveau. Lukas débutait dans son apprentissage du japonais et cette fois, ils ne pouvaient utiliser les gestes pour communiquer. Lukas repassa dans sa langue. Wata comprit que c’était des questions à l’intonation interrogative sans avoir aucune idée de ce qu’il lui demandait, mais plutôt que de rester silencieux, il confia ses difficultés avec sa famille et le sentiment de ne pas être à sa place dans son propre appartement.
Quand il se tut, Lukas prit la relève. Ses mots, même dépourvus de sens, étaient comme des caresses, berçantes et familières comme le flux et le reflux des vagues sur l’île.
Wata aurait voulu ne jamais raccrocher.
Lukas fut le plus raisonnable des deux. Il confirma les coordonnées que lui avait données Wata et mit fin à leur discussion ou plutôt à leurs deux monologues juxtaposés.

2 commentaires:

Jeckyll a dit…

Oh mon dieu quel épisode *__* j'en ai des étoiles dans les yeux tellement je suis contente que Wata(ru) est appelé Lukas même si la communication reste difficile ils ont pu se comprendre un peu

Merci pour cet épisode de début de semaine, je suis toujours aussi accro à l'histoire et j'imagine déjà pleins de façon de les faire se retrouver ^o^

Hâte de lire la suite XD

Illyshbl a dit…

J'espère que leurs retrouvailles - inévitables - telles que je les ai prévues seront à la hauteur de ton imagination.