— Je
viens aux nouvelles, déclara Yoshio d’un ton jovial dans le
combiné.
Sa
façon d’aller droit au but était déconcertante, mais était
toujours préférable aux coups de fils fréquents de sa famille pour
s’enquérir de sa santé. Sa mère ne manquait jamais de demander
si ses souvenirs lui étaient revenus. Wata ne lui suffisait pas,
elle voulait Wataru, cette partie inaccessible de lui-même. Yoshio,
lui, se moquait de son amnésie du moment qu’elle ne l’empêchait
pas de dessiner. Enfin, ce n’était pas tout à fait vrai, il
considérait que sa perte de mémoire constituerait une excellente
manière d’accrocher le lecteur.
— Je
suis prêt à dessiner mon aventure, annonça directement Wata sans
perdre de temps lui non plus.
Il
n’en pouvait plus de tourner en rond dans son appartement trop
silencieux aux murs trop blancs et au plafond trop bas. Il étouffait
dedans, incapable d’oublier l’île et Lukas
— Très
bien, très bien.
Yoshio
se mit à exposer la manière dont allait se dérouler les choses,
comme si Wataru était un mangaka débutant, ce qui était vrai en un
sens et faux dans un autre, car ce que son responsable éditorial
évoquait lui était bizarrement familier.
Commencer
à dessiner l’île et Lukas le poussa à contacter ce dernier. Même
si cela n’aboutissait à rien, à défaut de le voir, il avait
besoin d’entendre sa voix. Son absence à ses côtés était
d’autant plus douloureuse qu’il était le seul à connaître Wata
tel qu’il était actuellement, et pas cet autre de lui-même qui
s’était noyée quelque part dans l’océan.
— Lukas…
Il
n’eut pas besoin d’en dire plus. Lukas le reconnut de suite.
— Wata !
Il
y eut un blanc. Et puis, Lukas le surprit en parlant en japonais. Il
prenait des cours. Il voulait savoir où Wata habitait, son téléphone
et son mail.
Wataru
lui transmit toutes ses informations, le cœur battant.
La
conversation s’arrêta à nouveau. Lukas débutait dans son
apprentissage du japonais et cette fois, ils ne pouvaient utiliser
les gestes pour communiquer. Lukas repassa dans sa langue. Wata
comprit que c’était des questions à l’intonation interrogative
sans avoir aucune idée de ce qu’il lui demandait, mais plutôt que
de rester silencieux, il confia ses difficultés avec sa famille et
le sentiment de ne pas être à sa place dans son propre appartement.
Quand
il se tut, Lukas prit la relève. Ses mots, même dépourvus de sens,
étaient comme des caresses, berçantes et familières comme le flux
et le reflux des vagues sur l’île.
Wata
aurait voulu ne jamais raccrocher.
Lukas
fut le plus raisonnable des deux. Il confirma les coordonnées que
lui avait données Wata et mit fin à leur discussion ou plutôt à
leurs deux monologues juxtaposés.
2 commentaires:
Oh mon dieu quel épisode *__* j'en ai des étoiles dans les yeux tellement je suis contente que Wata(ru) est appelé Lukas même si la communication reste difficile ils ont pu se comprendre un peu
Merci pour cet épisode de début de semaine, je suis toujours aussi accro à l'histoire et j'imagine déjà pleins de façon de les faire se retrouver ^o^
Hâte de lire la suite XD
J'espère que leurs retrouvailles - inévitables - telles que je les ai prévues seront à la hauteur de ton imagination.
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