— Tiens, mais c'est un humain, gronda le dragon.
— Et il a faim, dit Saphir insistant sur le son final, pour souligner la rime, comme pour justifier sa taquinerie d'un peu plus tôt.
Le dragon retourna dans sa tanière d'un mouvement vif, manquant de balayer Grégoire de sa longue queue et revint, tenant dans sa patte griffue trois boules dorées à souhait.
Grégoire n'osa se rapprocher pour récupérer la sienne.
— N'a-t-on pas quelque chose à payer ?
— Ce n'est pas nécessaire. Que vous vous régaliez me suffit.
— Mais le coût des matières premières ? s'enquit Grégoire, en trouvant enfin le courage de prendre ce qui lui était offert.
Un filet de fumée s'échappa des naseaux de Vulkain.
— Pas de doute, tu es bien un humain. Le précédent aussi était obsédé par ce genre de question.
— Notre société repose sur l'argent, se défendit Grégoire.
— Pas la nôtre, à Versélia, chacun se rend service sans forcément exiger quelque chose en retour. Toujours est-il que si tu te sens redevable à mon égard, libre à toi de venir mettre la patte à la pâte !
Grégoire mordit dans le petit pain. Les deux fées n'avaient pas menti. Il n'avait jamais goûté à rien d'aussi bon. C'était fondant et croustillant à la fois.
Le dragon émit un grondement satisfait et lui confia une brioche qui se révéla tout aussi savoureuse.
Après avoir remercié Vulkain, ils repartirent.
A mesure qu'ils avançaient, le feuillage des arbres roussissaient et la température chutait.
— Vous n'avez pas froid ? s'étonna Grégoire qui frissonnait avec son costume alors que ses deux guides, tous deux nus, ne se plaignaient pas.
— Non. Notre corps s'ajuste au climat, expliqua Crystal.
— Apparemment, ce n'est pas le cas de notre ami humain, commenta Saphir. Nous aurions dû faire un détour par chez Rufus pour prendre une cape.
— Non, c'est bon, intervint Grégoire.
Ce qu'il voulait, c'était vite savoir comment rentrer chez lui avant de se mettre à douter de sa sanité.
A la demande des deux fées, il parla de son monde et il apparut assez vite que la technologie n'existait pas à Versélia – voiture, téléphone, ordinateur étaient des choses inconnues pour Saphir et Crystal.