Mémoire Etoilée - 6

La première chose que vit Elxy dans le couloir fut le dos de son compagnon. S'il était là, c'est qu'il avait passé le contrôle. Elxy se sentit soulagé, mais son inquiétude reprit bien vite le dessus en constatant que Maïlka était aux côtés d'Isaak et lui parlait avec animation : il était dangereux de mentionner l'amnésie d'Isaak tant qu'ils étaient sur la plateforme... Elxy se dépêcha de les rejoindre et demanda d'un ton angoissé :
– De quoi parlez-vous ?
– Du commandant Dambert. Un homme admirable, si j'en crois Maïlka, répondit Isaak.
Elxy se mit à respirer plus librement. Si le jeune homme n'avait fait que chanter les louanges de l'homme pour lequel il avait le béguin, alors, tout allait bien.
– Rentrons, déclara-t-il.
Il avait hâte de regagner le vaisseau mère. Là, il pourrait discuter librement avec Isaak. Et puis peut-être que leur chambre évoquerait des souvenirs à ce dernier...
– Nous n'attendons pas Suénor ? demanda Maïlka.
– Toi, si tu veux, mais nous, non.
– Attendons-le, contra Isaak.
Il ne voulait pas se retrouver seul avec l'homme brun. Ce dernier avait une façon dérangeante de le regarder.
– Non, on part devant, déclara Elxy en attrapant le bras de son compagnon.
Isaak se dégagea de suite comme s'il avait été brûlé et recula d'un pas. Les bras d'Elxy retombèrent le long de son corps. L'homme qu'il aimait refusait qu'il le touche, pire il semblait même avoir peur de lui !
Maïlka, spectateur impuissant de la scène, se mordit la lèvre. De qui devait-il prendre le parti ? Celui du pauvre Isaak qui avait tout oublié et qui était gêné qu'un inconnu agisse aussi familièrement avec lui ou celui d'Elxy qui souffrait d'être repoussé par son compagnon ? Il fronça le nez. Il fallait surtout prendre une décision avant que quelqu'un ne les voient ainsi figés dans le couloir.
– Vous feriez mieux d'y aller.
Elxy hocha lentement la tête, mais Isaak la secoua.
– Je viendrai vous rendre visite dans votre chambre dès que possible, ajouta Maïlka.
Isaak réalisa alors qu'il ne faisait que retarder l'inévitable. L'homme brun étant soit-disant son compagnon, il serait obligé à un moment ou à un autre de le suivre jusqu'à la chambre qu'ils partageaient. Qui plus est, n'avait-il pas décidé de se fier aux trois hommes qui s'étaient présentés comme ses amis ? Après tout, grâce à eux et aux réponses qu'ils lui avaient donné, il avait réussi à passer le fameux test d'identité.
– Rentrons, dit-il finalement.