Mémoire Etoilée - 12

L'accès de violence d'Elxy troubla Isaak.
– Je ne sais pas, murmura-t-il humblement.
La colère d'Elxy retomba aussi vite qu'un soufflé raté. Ce n'était pas la faute de son compagnon et il le savait, mais cela ne rendait pas les choses plus faciles. Et ce n'est pas le jus de cerise qui allait provoquer un miracle...
– Je vais me doucher, vous pouvez vous servir dans le frigo, déclara-t-il en se levant.
Elxy ne portait qu'un slip. Si Maïlka s'empourpra, Isaak resta de marbre. Cependant, une fois que Elxy eut disparu dans la salle de bains, il demanda au jeune homme :
– Est-ce que tu pourrais m'apprendre comment je me suis retrouvé en couple avec cet individu ?
L'air désolé, Maïlka secoua négativement la tête.
– Tu ne me l'as pas dit. Il faudra que tu lui demandes toi-même.
Cela étonna et déçu Isaak. Le jeune homme n'était-il pas son ami et n'était-ce pas le genre de chose qu'on raconte aux amis ? Des trois pilotes, il était celui qui lui inspirait le plus de sympathie et de confiance.
– On ne se connaît que depuis un an. Depuis que l'on m'a intégré à votre équipe, expliqua Maïlka qui avait remarqué la surprise d'Isaak.
– Je vois...
Maïlka entra dans la cuisine et regarda à travers la porte transparente du frigo où les produits à base de cerise ne manquaient pas : yaourts, crèmes et même comprimés nutritifs avaient ce parfum. Il ouvrit la porte, récupéra deux mini-bouteilles de jus de cerise et en tendit une à Isaak. Ce dernier but une gorgée du liquide rosée et trouva le goût plaisant, mais cela ne lui évoqua rien. Il soupira bruyamment.
– Au fond, ce qui t'arrive, c'est un peu comme une nouvelle naissance, déclara Maïlka avec l'intention de consoler son ami.
– C'est aussi une forme de mort. Et surtout, même si ma mémoire est une page vierge, je ne suis pas blanc comme neige pour autant. Tout le monde sauf moi se souvient de ce que j'ai pu faire et dire avant que je ne me réveille dans le Glass.
Maïlka fronça le nez. Il n'avait fait remonter le plus petit souvenir à Isaak avec son jus de cerise ; tout ce qu'il avait réussi à faire, c'était à le déprimer.
– Je peux te raconter, si tu veux, proposa-t-il.
– Nous nous sommes bien entendus immédiatement quand tu as intégré l'équipe ?
– Si cela n'avait tenu qu'à moi, oui, mais tu n'étais pas content « qu'un petit jeune sorti tout juste de formation » te soit imposé. Toutefois, je ne me suis pas laissé intimidé.
– Cela n'a pas l'air d'être ton genre.
– Avec Djklo, je le suis pourtant.
– C'est le prénom du commandant Dambert, c'est ça ?
– Tu te souviens ? demanda Maïlka, plein d'espoir.