mardi 31 mai 2016

Cœur de fantôme - 56

Nino lâcha la taille de Zack.
— Tu ne peux pas... commença-t-il.
Kazuya-Zack rentra dans la maison.
C'était n'importe quoi.
« Pas plus que ton attitude. »
Zack fut obligé d'en convenir. Ces dernières semaines à trois avaient été idylliques. Tout remettre en question parce que Nino et Kazuya pouvaient se débrouiller sans lui, était excessif.
« Exactement. Tu doutes trop de toi et de nos sentiments. »
C'était vrai. Mais à sa décharge, il était fatigué et l'attitude de sa mère, contente qu'il soit enfin casé, lui avait fait prendre conscience qu'il s'était sacrément éloigné du schéma normal. En même temps, sa réalité avait sacrément changé depuis qu'il connaissait l'existence des fantômes.
— Qu'est-ce qui se passe à la fin !? s'écria Nino, désavantagé par le fait qu'il n'avait pas accès à leur débat en interne.
Kazuya cessa de maintenir Zack sous son joug et quitta son corps. Il savait qu'il n'avait plus l'intention de quitter les lieux.
— Je me suis senti de trop, avoua Zack.
— Ce n'est pas le cas, répliqua Nino.
— Mais toi et Kazuya, vous filiez le parfait amour avant, alors...
— Et après ? Je ne sais pas pourquoi Kazuya et toi, vous tenez tant que cela à ce que je sois avec l'un ou l'autre d'entre vous ! Si ça continue, c'est moi qui vais aller voir ailleurs. Je croyais que nous étions d'accord pour demeurer ensemble, merde quoi !
— Bien envoyé ! lança Kazuya.
Il était à deux contre un. Zack leva les mains.
— Je me rends. J'admets que j'étais en tort, mais...
— Rien du tout ! trancha Nino.
— Je n'aurais pas mieux dit, enchérit le fantôme. Nous ferions mieux à présent de rentrer à l'appartement où vous serez tout les deux au chaud. Lequel d'entre vous veut m'accueillir en lui ?
Quand il tournait les choses comme cela, la possession avait un caractère sexuel si marqué que cela en était excitant.
Zack et Nino se portèrent volontaire d'une seule voix.
Zack qui avait été si hostile à la possession en saisissait désormais tous les avantages, même s'il n'oubliait pas pour autant les inconvénients.
— Votre enthousiasme fait plaisir, déclara Kazuya avec un large sourire.
Il plongea dans Nino sur ces mots, mais Zack n'eut pas le temps de sentir jaloux, car l'instant d'après il ressortait pour s'enfoncer en lui.
« J'ai préféré expliquer de cette façon à Nino que c'était mieux que cela soit toi pour aujourd'hui. Il était d'accord. »
C'était dommage que le 7 de la rue des Sycomores soit le seul endroit où Kazuya soit visible et puisse les posséder ainsi l'un après l'autre dans la foulée.
« Oui, hanter ton appartement serait idéal, mais je n'ai pas encore trouvé d'autre moyen que la possession pour m'éloigner d'ici. »
Zack lui répondit qu'il était déjà content qu'il ne soit pas nécessaire qu'ils séjournent dans cette maison glaciale en permanence.

lundi 30 mai 2016

Cœur de fantôme - 55

En poussant la porte du 7 de la rue des Sycomores, ils appelèrent de concert Kazuya qui ne se montra pas.
Zack s'y attendait plus ou moins, mais il fut tout de même déçu. Le fantôme n'était pas supposé être fâché avec lui. Sûrement se doutait-il qu'il était du côté Nino vu qu'ils étaient venus ensemble... Il gagnait « des points » avec le jeune homme, mais en perdait avec Kazuya.
— Je crois qu'il boude, comme la dernière fois, même à son âge on peut encore se comporter comme un gosse, déclara-t-il faisant exprès d'être provocateur, en pressant la main de Nino.
A peine avait-il terminé sa phrase que Kazuya surgit du néant devant eux.
— J'étais occupé, c'est tout.
— A quoi ? A te tourner les pouces ? rétorqua Zack, supposant qu'il mentait.
Il faisait un piètre médiateur. A ce rythme, tout ce qu'il allait gagner c'était que le fantôme reporte sa colère sur lui.
— Tu es toujours furieux contre moi ? intervint Nino, inquiet.
— Non, plus du tout. J'ai réfléchi à comment rendre possible ton désir de te servir de ta vue paranormale sans que cela soit dangereux.
Nino se détacha de Zack et esquissa un geste envers Kazuya comme pour le prendre dans ses bras, même si c'était bien sûr impossible.
Zack déglutit. En fait, ils se passaient très bien de lui. Il s'était complètement fourvoyé en croyant leur être devenu indispensable. Ce n'était pas pour rien que les gens formaient des couples et non des trios. Il tourna les talons et ressortit.
Il venait de franchir le seuil quand il sentit le fantôme prendre possession de lui. Il tenta de créer une barrière mentale pour protéger ses pensées, mais sans succès.
« N'est-ce pas toi qui me parlait d'envie et non de besoin il y a quelques semaines ? »
Zack se rappelait d'avoir dit ça, mais le problème, c'est qu'il avait l'impression de s'être immiscé entre eux en force. Nino et Kazuya s'aimaient avant qu'il ne débarque dans leur existence.
Nino choisit ce moment pour l'enlacer par l'arrière de façon à le retenir.
Zack voulait y croire. Mais depuis le début, n'était-il pas l'empêcheur de tourner en rond ?
«Bien sûr que non ! Ne sois pas idiot ! Je me serais débarrassé de toi depuis longtemps autrement. »
— Pourquoi tu t'en vas ? Même s'il n'est plus nécessaire que tu persuades Kazuya de m'aider à exorciser des fantômes, reste, déclara Nino dans son dos.
— Je ne le laisserai pas partir, même s'il le désirait, annonça tranquillement Kazuya par la bouche de Zack.

vendredi 27 mai 2016

Cœur de fantôme - 54

Zack partit donc en solo sur sa moto. Il n'avait pas prévu d'aborder sa vie amoureuse avec ses parents, mais sa mère qui avait comme des antennes quand il s'agissait de lui, le trouva changé et l'interrogea.
Il ne se défila pas et lui parla de Nino, ne pouvant s'empêcher de lui prêter quelques traits de caractère de Kazuya.
— Il faudra nous l'amener la prochaine fois. Je suis contente que tu aies enfin trouvé quelqu'un.
C'était plutôt « quelque deux » mais il ne pouvait pas le dire et ce n'était pas seulement parce que Kazuya était un fantôme. Même si ses parents étaient tolérants et avaient accepté son homosexualité, il y avait des limites... et un ménage à trois en était une.

A son retour, le dimanche en fin d'après-midi, Zack fut accueilli à l'appartement par Nino et uniquement lui.
Après l'avoir embrassé, il s'étonna de l'absence de Kazuya.
— Nous nous sommes disputés, avoua Nino.
Zack n'avait pas envisagé pareil souci.
— A quel sujet ?
— L'exorcisme.
Cette idée était totalement sortie de la tête de Zack occupé qu'il était à jouir de sa cohabitation avec ses deux amoureux.
— Depuis que vous vous connaissez, cela vous ait arrivé souvent de vous accrocher ? demanda-t-il, se sentant coupable d'être indirectement responsable de leur dispute.
— Peu. Mais parfois, Kazuya me juge trop naïf et ça m'énerve.
Le fantôme n'avait pas tort, mais c'était contrebalancé par le fait que Nino était également du genre méfiant.
— C'est sûr qu'avec ses sept cent ans d'expérience, il a toujours plusieurs longueurs d'avances sur nous...
— Tu lui donnes raison, alors ?
Devant son air fâché, Zack s'empressa de secouer la tête.
— Il veut juste te protéger, temporisa-t-il.
— Je lui suis reconnaissant pour le talisman et tout, mais je ne suis ni un gosse ni une fleur fragile.
— Je te comprends. Si tu veux, je peux plaider ta cause auprès de lui, faire office d'intermédiaire.
— Bonne idée ! Allons-y, alors !
Zack venait juste d'arriver et n'aurait rien eu contre se poser ne serait-ce que cinq minutes, mais il avait envie de faire plaisir à Nino et de revoir Kazuya, aussi il ne fit pas d'histoires.
— Pressé de te réconcilier avec lui ?
— Oui. Mais je ne voyais pas comment faire sans renoncer à le convaincre qu'avec ma vue spéciale, je pourrais aider des gens. Heureusement que tu es là !
Zack sourit. De troisième roue du carrosse dans la relation entre Kazuya et Nino, il était devenu pierre angulaire.

jeudi 26 mai 2016

Cœur de fantôme - 53

Nino rassembla ses affaires en une petite heure. Il était parti de ses parents sans rien et n'avait guère acheté que le strict minimum durant les deux années écoulées : un réveil à piles, un réchaud à gaz, un peu de linge et de vaisselle.
Un seul voyage fut nécessaire. A l'arrivée, Zack n'eut qu'à réorganiser l'intérieur de ses placards afin que Nino ait de la place.
La cohabitation débuta sur de bonnes bases. Le jeune homme était ravi du confort du petit appartement avec chauffage et électricité. Il faut dire qu'il en avait vu de toutes les couleurs depuis son seizième anniversaire entre l'hôpital psychiatrique et la maison délabrée dans laquelle il s'était réfugié.
Chaque soir, Zack ou Nino se rendaient au 7 de la rue des Sycomores pour passer chercher Kazuya.
Le fantôme, quand il possédait Nino, se montrait charmant et serviable. Loin d'être hostile aux tâches ménagères, il trouvait même amusant de passer l'aspirateur. Et, quand il occupait le corps de Zack, il était attentif aux souhaits de ce dernier.
De temps à autre, ils se faisaient une soirée à trois dans la maison en dépit du manque de confort. Le sexe y était plus intense qu'à l'appartement avec un Kazuya qui pouvait prendre possession d'eux tour à tour, jaillissant de l'un pour mieux s'enfoncer dans l'autre.

Quand vint le moment pour Zack de rendre visite à ses parents, il proposa à Nino et Kazuya de l'accompagner afin qu'il les présentent, même si en réalité, un seul d'entre eux serait introduit.
Kazuya offrit que Nino y aille sans lui pour que les choses restent simples, mais le jeune homme refusa. Il ne se sentait pas prêt à rencontrer le père et la mère de Zack. Il avait peur de commettre un impair si jamais il y avait un fantôme chez eux.
Zack insista d'autant moins qu'il était gêné de ne pouvoir dire toute la vérité à ses parents sur les hommes qui partageaient sa vie.
Il fut en revanche tenté de repousser sa traditionnelle visite bimensuelle car cela ne lui plaisait guère de laisser Kazuya et Nino en tête-à-tête. Et si jamais ils découvraient en son absence qu'au final, ils étaient mieux tout les deux ?
Kazuya qui le possédait à ce moment-là apaisa aussitôt ses inquiétudes.
« Tu vas nous manquer. »
Zack aurait aimé en être certain. Tout était parfait ou presque entre eux, alors forcément, il n'y avait plus qu'à craindre que quelque chose se mette à clocher : des sentiments changeants, le débarquement de la police pour le crime dont s'était rendu coupable Nino sous l'influence d'un fantôme vengeur, l'opinion des gens bien pensant sur les couples de même sexe et les ménages à trois, même si, dans leur cas, cela ne sautait pas aux yeux...
« Va donc accomplir ton devoir filial au lieu de t'inquiéter de tout ce qui pourrait arriver. »
Zack ne voyait pas ça comme une corvée. Il aimait ses parents. C'était juste qu'il ne voulait pas quitter Nino et Kazuya, mais il ne souhaitait pas non plus les forcer à venir.

mercredi 25 mai 2016

Cœur de fantôme - 52

Ce fut Nino qui posa ses lèvres sur les siennes, les yeux rivés sur le fantôme. Zack lui rendit son baiser, tout en regardant également Kazuya. Il aurait donné cher pour connaître les pensées de ce dernier. Ne plus pouvoir rien toucher, ne pas avoir de corps à soi devait être terrible.
Les mains rugueuses et caressantes de Nino sur sa peau ramenèrent Zack à ce qu'ils faisaient. Le jeune homme assumait enfin son désir pour lui. Avoir reconnu ses sentiments l'avait apparemment libéré.
Zack suça l'un après l'autre les tétons framboises, puis dessina une ligne de feu jusqu'au pénis durci de Nino qu'il prit dans sa bouche. Il descendit et remonta le long du membre, arrachant des gémissements au jeune homme. Il lui lécha ensuite l'anus, salivant abondamment pour le préparer. Il sentait sur lui le regard du fantôme.
Au moment où il pressait son sexe érigé contre l'orifice de Nino, Kazuya s'introduisit dans le corps du jeune homme. C'était en un sens une double pénétration pour lui tandis que Zack  possédait Kazuya et Nino d'une seule poussée. Il eut peine à se retenir d'éjaculer de suite tant il était excité. Il n'était toutefois pas envisageable de ne pas se montrer à la hauteur. Il se tint immobile un instant, ses mains reposant sur les cuisses de Nino,  le temps de recouvrer un semblant de calme, puis se mit à bouger. De mouvements amples et lents, il accéléra le rythme jusqu'à une frénésie qui les conduisit à la jouissance et les laissa pantelant.
— Tu écrases Nino, fit remarquer Kazuya.
Zack se poussa comme il put dans l'étroit lit en grommelant – il n'y en avait que pour le jeune homme.
Le fantôme sortit alors de Nino pour plonger en lui. Il lui transmit toute la satisfaction que leur avait procuré cette étreinte à lui et Nino.
Zack le remercia de lui avoir communiqué cette information de cette manière qui n'autorisait pas les mensonges.
Il ne doutait plus que leur relation à trois, bien qu'inhabituelle, allait fonctionner. Avec le temps, il serait aussi important pour le fantôme que Nino... Il en était convaincu. Il lui suffisait d'être patient, même si ce n'était pas son fort.
Il restait cependant les arguments qu'il avait jeté à la figure de Nino : quel avenir avaient-ils avec quelqu'un déjà mort qui ne vieillirait jamais ? Au fond, peut-être cela n'avait pas d'importance. Peut-être pourraient-ils continuer ainsi jusqu'à leur dernier jour ? Mais après ? Deviendraient-ils à leur tour des fantômes ou bien Kazuya se retrouverait-il seul ?
« Le temps se chargera de répondre à tes questions. Profite donc d'aujourd'hui. » lui suggéra le fantôme avant de lui rendre le contrôle de son corps.

mardi 24 mai 2016

Cœur de fantôme - 51

Zack se retrouva soudain libre d'explorer la bouche de Nino comme il l'entendait. Il en savoura toute la douceur avant de s'écarter. Il découvrit le regard légèrement moqueur du jeune homme et comprit que c'était en fait Kazuya qu'il venait d'embrasser.
Le fantôme était agaçant à partir et entrer sans prévenir. C'était la moindre des corrections. 
Il fit la remarque à haute voix. Kazuya s'échappa alors du corps de Nino dans un éclat de rire.
— Toi et tes histoires de politesse !
Nino eut un bref sourire, puis suggéra qu'ils se lèvent et prennent un petit déjeuner.
— C'est vrai que vous devez vous occuper du déménagement tandis que moi, je me prélasserai faute de pouvoir vous donner un coup de main...
Il se mit en position allongée, les doigts de pieds en éventail, l'air ravi.
Zack aurait bien paressé aussi, de préférence au lit. Il avait envie de faire gémir Nino et Kazuya sous son poids et puis de les sentir en lui, physiquement comme mentalement. Il ne tenait toutefois pas à passer pour le pervers du trio, alors il tut son désir.
C'était sans compter sur son corps plus honnête que lui. Quand il se leva, pestant contre le froid, Nino comme Kazuya ne purent manquer son érection.
— Je crois que Zack a d'autres projets que de transporter tes affaires.
Nino s'empourpra, mais ne détourna pas les yeux.
— Je n'ai guère plus que deux sacs. Ce sera vite fait.
— Je vois que la détente est au programme de tout le monde.
Le ménage à trois commençait bien, songea Zack en retournant sous la couette. Nino ôta son pyjama et l'y rejoignit. Kazuya, lui, ne bougea pas. Il devait hésiter sur celui qu'il allait posséder.
— Kazuya ? demanda Nino d'un ton interrogateur.
— Je compte vous regarder, déclara le fantôme.
— Si c'est encore une façon de nous montrer que nous pouvons nous passer de toi... intervint Zack.
— Il y a peut-être de ça, mais je profite surtout du fait qu'ici, je peux être pour ainsi dire moi-même sans que vous soyez possédés.
— C'est embarrassant... lâcha Nino.
— Le bon mot ne serait-il pas plutôt excitant ? répliqua Kazuya.
Du moment qu'il ne leur faussait pas compagnie, cela ne posait pas de problème à Zack.
— Tu vas te contenter d'être spectateur tout au long ou finir par participer ? s'enquit-il.
— Bonne question, dit Kazuya sans répondre.
Zack prit Nino par les épaules, mais n'alla pas plus loin. Et si Nino se dérobait ou pire le repoussait, jugeant que Kazuya n'était pas assez impliqué ?

lundi 23 mai 2016

Cœur de fantôme - 50

Comme ça, sans préparation ? Ce fut la dernière pensée cohérente de Zack avant que ne déferle en lui des millions d'images et sensations, souvenirs d'un autre.
Vingt-sept années de vie en une série de flashs : les parents de Kazuya, le frère de ce dernier avec le même nez busqué, sa fiancée, et puis l'attaque en lâche, dans le dos, le sabre lui transperçant la poitrine, l'horreur en découvrant le visage de l'assassin.
Les débuts de fantôme. La colère immense et dévastatrice. L'incapacité à faire quoique ce soit. Le désir de se venger brûlant et dévorant. L'errance sans but à haïr celui qui lui avait ôté la vie. Le désespoir noir et gluant. Les tentatives pour dépasser les limites des non-vivants. La toute première possession. La seconde. L'enquête. La découverte que son frère avait péri sans descendance. Les années longues et vides d'observateur, à ruminer.
Au milieu du kaléidoscope, Nino apparut, lumineux. Le fantôme se sentait proche de lui car le jeune homme avait été également victime d'une injustice profonde, lui aussi avait été en effet d'une certaine manière dépossédé de sa vie.
Et enfin, Zack se vit à travers le prisme de Kazuya, d'abord comme un salaud qui avait couché avec Nino pour le plaisir sans se soucier de ce qu'il était, puis comme un provocateur grande gueule qui ne manquait pas de cœur. Le fantôme le jalousait de pouvoir toucher Nino alors que lui en était incapable, mais ile trouvait aussi attendrissant avec son assurance de façade. C'était déjà ça... C'était un début.
Le flot d'images et  souvenirs se tarit aussi brusquement qu'il était venu.
« Rassuré ? »
A moitié. Zack était aussi étourdi. Plein de choses lui avait échappé.
« Je m'ouvrirai à toi à nouveau, à l'occasion... »
Et pourquoi pas maintenant ?
« Je ne suis pas un livre ouvert. »
C'était le cas de Nino et Zack à chaque possession.
« J'ai payé cher ce privilège. Mais je peux t'apprendre à protéger ton monde intérieur si tu le souhaites. »
Zack n'était pas sûr d'être intéressé. Ce mode de communication non verbale avait ses avantages et puisque le fantôme savait tout de lui, il n'avait plus rien à cacher. Il était tout de même curieux de savoir comment procéder.
« Cela ne m'étonne pas de toi... Alors, la base est de visualiser un mur... »
Kazuya exposait de complexes histoires de barrières mentales quand Nino, encore à moitié endormi, s'étira.
Il serait tombé du lit si Kazuya-Zack ne l'avait retenu.
— Reste avec nous...
— Kazuya, tu possèdes Zack ?
— Tout à fait.
Là-dessus, il l'embrassa à sa manière vorace.
Zack se demanda ce que cela lui ferait de recevoir pareil baiser. Il n'y avait pas réfléchi la veille, mais tout un tas de combinaisons amoureuses s'offrait à eux...

mercredi 11 mai 2016

Pause

Prochain épisode : Lundi 23 mai 2016.

Cœur de fantôme - 49

Nino bailla à s'en décrocher la mâchoire. Zack réalisa alors qu'il était lui-même épuisé. La journée avait été bien remplie et la soirée riche en émotions. Heureusement, demain, il ne travaillait pas.
— Vous devriez vous coucher, suggéra Kazuya.
Zack ne se sentait pas l'énergie de ressortir dans le froid pour rentrer chez lui.
— Même si on sera à l'étroit, on peut partager mon lit, offrit Nino qui avait dû lire sur ses traits sa fatigue.
— Bonne idée, déclara le fantôme.
Le pensait-il vraiment ? Zack aurait bien voulu savoir ce qu'il ressentait pour lui, si au fond il ne le détestait pas d'avoir cassé le couple qu'il formait à Nino pour une bizarre relation à trois, mais il avait peur de l'interroger frontalement.
Nino remit des bûches dans la cheminée afin que le feu dure pour le restant de la nuit.
Il n'avait pas de pyjama à la taille de Zack qui affirma s'en moquer car il avait l'habitude de dormir dans le plus simple appareil. Nino le mit en garde contre le froid en se levant le matin, mais Zack se dévêtit tout de même. Il s'installa dos au mur sous la couette tandis que Nino enfilait un pyjama. Zack était trop fatigué pour que la vision de son corps nu l'excite, mais quand il vint se blottir contre lui, faute de place, son pénis se durcit. Nino ne se tortilla pas pour lui échapper, ni ne se colla davantage.
— Tu tiens chaud, murmura-t-il.
Kazuya n'avait à priori pas besoin de dormir, lui, mais il était resté avec eux. Allongé dans les airs, il se tenait du coté de Nino.
Zack ferma les yeux, mais le sommeil ne vint pas. Il entendit la respiration de Nino devenir de plus en plus régulière. Il souleva les paupières, redressa la tête, mais Kazuya n'était plus visible, alors il finit par sombrer à son tour.

A son réveil, la première chose qu'il vit fut la nuque gracile de Nino, à moitié cachée par ses cheveux bruns. Zack se sentait raide et moulu. Il remua avec précaution et découvrit juste au-dessus de lui Kazuya qui l'observait. Surpris, un cri allait lui échapper, mais déjà le fantôme était en lui, bloquant ses cordes vocales.
« Nino dort encore »
Comme si cela justifiait tout ! songea Zack avec amertume.
« Je te croyais du matin, mais tu es de bien mauvaise humeur. »
Zack ne se donna pas la peine de cacher les craintes qui l'habitaient. Il en était de toute façon incapable. Il avait jalousé Kazuya, et maintenant c'était Nino. Il souhaitait compter pour le fantôme autant que le jeune homme.
« Je ne te connais pas depuis assez longtemps pour cela, mais tu es loin de m'être indifférent. Et puisque tu le désires, je vais te laisser lire en moi. Tu sauras tout. »

mardi 10 mai 2016

Cœur de fantôme - 48

— Comment ai-je réussi à tomber amoureux de cette tête de pioche ?! pesta Zack.
— Il est gentil, il ne veut que notre bien, lâcha Nino en soupirant.
Kazuya se matérialisa brusquement entre eux.
— Qu'est-ce que cette histoire ?
— Exactement ce que je viens de dire, grommela Zack, embarrassé.
— Je ne peux y croire, déclara Kazuya.
Nino aussi avait été étonné que Zack aime le fantôme, mais il l'avait admis sans peine, car à ses yeux, Kazuya était merveilleux. Convaincre  le principal intéressé s'annonçait plus compliqué. Zack n'allait pas pouvoir s'en tirer avec un « c'est arrivé, c'est comme ça. » Il entreprit d'expliquer comment il en était venu à éprouver des sentiments pour lui. Le changement s'était opéré le jour où Kazuya l'avait encouragé à persévérer avec Nino, mais même avant cela, il lui avait plu par certains côtés, même s'il l'agaçait sur plein d'autres. Et, depuis le début, il l'avait trouvé attirant dans son genre.
Comme il s'empêtrait dans le pourquoi du comment, Kazuya eut pitié de lui et s'approchant, il entra dans son corps et lut en lui la foultitude de petites choses qui avait amené Zack à s'attacher à lui.
— Je t'en conjure, ne nous exclue pas de ton existence, plaida Nino.
— Vous pourriez mener une vie normale, argua Kazuya par la bouche de Zack.
C'était faux, puisque talisman ou pas, Nino continuerait à voir les fantômes, songea Zack tandis que le jeune homme répliquait la même chose à voix haute.
— Vous êtes décidément sur la même longueur d'ondes, tout les deux...
Kazuya relâcha son emprise sur Zack sans qu'aucun de ses sentiments à son égard n'ait filtré.
Zack savait qu'il l'estimait suffisamment pour lui confier Nino, mais il voulait plus...
— Comment envisagez-vous les choses ? demanda Kazuya.
— Tout ce que je sais, c'est que je ne veux pas te perdre, répondit Nino. Et pas renoncer à fréquenter Zack, ajouta-t-il.
Zack n'avait jamais imaginé se retrouver dans pareille situation. A deux, c'était déjà complexe, alors à trois, forcément ça l'était encore plus. Sans compter que Kazuya était un fantôme.
— On vivrait chez moi, au chaud et avec tout le confort moderne et on passerait te chercher. Tu pourrais nous posséder l'un après l'autre, proposa-t-il.
— Cela pourrait fonctionner, oui, mais sans moi dans l'équation, ce serait mieux pour vous deux, fit remarquer Kazuya.
— N'est-ce pas à nous d'en décider ? protesta Zack, reprenant là un des arguments que lui avait opposé le fantôme lors de l'un de leurs discussions au sujet de Nino.
Le jeune homme aux yeux vairons hocha la tête pour marquer son accord.
Kazuya sourit.
— Très juste, approuva-t-il.
Il acceptait enfin. Mais dans le cœur de Zack un doute subsistait : n'était-ce pas que pour Nino ?

lundi 9 mai 2016

Cœur de fantôme - 47

— Tu n'as pas besoin de moi, conclut Kazuya.
— C'est une question d'envie, intervint Zack.
— Ne devrais-tu pas plutôt être en train de convaincre Nino que toi seul lui suffit ? s'enquit Kazuya, perplexe.
Zack présuma que le fantôme n'avait pas vu ce qu'il éprouvait pour lui, peut-être parce qu'au moment où il le possédait, Zack lui-même ne l'avait pas réalisé, préférant prétendre que son intérêt pour le fantôme découlait de son amour pour Nino.
— Pourquoi me fatiguerais-je à faire une chose pareille ? rétorqua-t-il.
Avant qu'il ne tente d'exposer ses sentiments, Nino s'emmêla :
— Si tu nous possédais l'un après l'autre, tu comprendrais tout.
C'était en effet une solution commode et Zack approuva.
— Ce n'est pas nécessaire. Nino, tu as maintenant la possibilité d'avoir une vie normale ou presque. Quant à toi, Zack, tu as enfin son amour.  Si le talisman est perdu ou endommagé, je suis d'accord pour en confectionner un nouveau, autrement, je vous prie de ne plus approcher cette maison.
— J'habite ici ! s'écria Nino.
— Non, tu squattes, rectifia Kazuya, le visage fermé.
C'était un coup bas. Le fantôme n'était plus le propriétaire des lieux depuis son décès. Mais il est vrai que lui n'avait la possibilité de hanter ailleurs que cet endroit où il avait été assassiné par son propre frère.
Respecter son désir revenait à l'abandonner à sa vie solitaire, ce qui n'aurait pas gêné Zack il y a peu. Le problème, c'est qu'il voulait désormais passer du temps avec lui, apprendre à le connaître mieux et qu'il lui dévoile son intimité comme il l'avait fait avec Nino.
— Il faudra nous chasser, le défia Zack, poings sur les hanches.
Un éclat rouge fit étinceler les yeux du fantôme.
— Ne me tente pas ! clama-t-il, un vent surnaturel soulevant ses cheveux.
Zack frémit, mais Nino ne broncha pas.
— A moins de nous posséder, ce que je souhaite, tu n'as guère moyen de nous mettre dehors.
Son ton convaincu rassura Zack. Nino était plus au fait que lui des capacités de Kazuya.
— Très bien, restez autant qu'il vous plaira, mais je n'apparaîtrais plus. Vous serez bien obligés de revenir à la raison.
Nino fit un geste pour le retenir, mais c'était bien sûr impossible puisqu'il n'était pas tangible et il disparut.

vendredi 6 mai 2016

Cœur de fantôme - 46

Il ne leur fallut que peu de temps pour arriver au 7 rue des Sycomores. Zack, sans commettre d'excès, avait roulé vite, les bras de Nino enroulés autour de sa taille sans la moindre gêne.
Une fois le moteur de la moto éteint, le silence de la nuit retomba. Le lampadaire de la rue ne fonctionnait plus et la lune à moitié cachée par les nuages n'éclairait pas grand chose. Zack prit la main de Nino autant pour le plaisir de la tenir dans la sienne que parce qu'il appréhendait la façon dont le fantôme allait les accueillir.
Nino la lui serra en retour. Il partageait ses craintes, sa joie de ne pas avoir à choisir entre lui et Kazuya s'étant dissipée.
L'entrée de la maison était comme d'habitude plongée dans le noir. Zack n'eut pas à utiliser la lumière de l'écran de son téléphone portable, Nino ayant une lampe de poche. Ils grimpèrent à l'étage, leurs doigts toujours enlacés, en appelant Kazuya, mais le fantôme n'apparut pas.
La chambre occupée par Nino était glacée, le feu pas entretenu en leur absence s'étant éteint.
— Que va-t-on faire s'il ne se montre pas ? demanda le jeune homme.
— Il nous écoute à tout les coups même s'il reste caché, répondit Zack, même si au fond, il n'était sûr de rien.
Nino commença à se répandre en excuses à l'intention du fantôme sans que celui-ci ne daigne donner signe de vie.
Zack ne se joignit pas à lui, mais incapable de demeurer sans rien faire, il se chargea d'allumer le feu.
Nino était au désespoir et en venait à se répéter, expliquant que ses sentiments pour Zack ne modifiait en rien son amour pour Kazuya.
Les flammes dansant à présent dans la cheminée, Zack l'arrêta. C'était inutile. Le fantôme était à priori décidé à faire la sourde oreille.
— Peut-être que si nous faisons l'amour, cela le fera sortir, suggéra-t-il, sans trop de conviction.
Nino s'empourpra évidemment.
— Non, pas sans lui...
Zack qui avait pourtant rêvé d'avoir le jeune homme tout à lui, avait les mêmes réserves que lui. Il n'avait fait cette proposition que parce qu'il escomptait que le fantôme, jaloux, réagisse.
Nino reprit ce qui s'apparentait fort à un monologue et Zack s'énerva :
— Si c'est fini entre Nino et toi, la moindre des corrections serait de venir lui dire en face !
Soudain Kazuya fut là. Nino se précipita vers lui et passa au travers de son corps.
— Tu ne me possèdes pas ?
Kazuya ignora sa demande.
—  Est-il vraiment nécessaire d'ajouter quelque chose ? Vous vous passiez fort bien de moi tout à l'heure.
Nino s'efforça à nouveau de justifier sa bévue. Le fantôme assura qu'il comprenait, qu'il se doutait que cela se passerait ainsi et que le mieux pour Nino était qu'il l'oublie et vive avec Zack. Il n'avait pas à se sentir coupable vis-à-vis de lui.

jeudi 5 mai 2016

Cœur de fantôme - 45

Zack voulut l'enlacer pour le consoler, mais Nino s'arracha à son étreinte comme s'il était un pestiféré. C'en fut trop pour Zack. Kazuya et Nino n'avaient pas le droit de le traiter ainsi, se servir de lui, puis le rejeter.
Désireux de leur rendre la monnaie de leur pièce, il révéla à Nino ce qu'il avait gardé pour lui jusqu'alors :
— Kazuya est d'avis depuis le début que ce serait mieux pour toi d'être avec moi. Il m'a donné son accord pour te séduire.
Nino lâcha la poignée de la porte qu'il venait de prendre.
— Non, ce n'est pas vrai.
— Et pourtant si.
— Non, répéta Nino.
— Je ne te mens pas plus tout à l'heure que maintenant.
— Désolé. Je suis horrible. Je me suis mal comporté avec toi comme avec lui.
Devant son repentir, Zack eut des remords d'avoir ajouté à son désarroi. Tous les trois, tout ce qu'ils avaient réussi à faire, c'était à se blesser mutuellement. Mais il y avait tout de même eu ce moment de félicité et d'union...
— Personne n'est en tort et tout le monde est coupable, affirma-t-il.
— C'est le genre de truc que Kazuya pourrait dire, répliqua Nino tristement.
— Attends-moi qu'on aille se geler ensemble dans cette fichue maison pour connaître son opinion.
— Il n'a peut-être plus envie de me voir.
— Je n'y crois pas une seconde. Il t'aime.
— Moi aussi, mais... je ressens aussi plus que de l'amitié pour toi.
Le cœur de Zack bondit dans sa poitrine à cet aveu de Nino.
Pouvait-on aimer deux personnes à la fois ? Zack était sûr que oui, car s'il était honnête avec lui-même, il faisait plus qu'apprécier le fantôme. Autrement, sa vie sexuelle l'aurait indifféré et il n'aurait pas éprouvé ce stupide sentiment d'abandon quand Kazuya avait cessé de le posséder sans crier gare alors qu'il aurait dû se réjouir d'avoir Nino pour lui tout seul.
— De mon côté, si mon mon cœur t'appartient, j'ai bien peur que Kazuya ait réussi à en trouver le chemin.
— Tu veux dire que... commença Nino, incrédule.
— ...même s'il comptait que nous nous marions et adoptions des tas d'enfants, il est hors de question que nous le laissions tranquille dans son coin, compléta Zack.
Nino sourit, puis lui sauta au cou et lui planta un baiser léger sur les lèvres.
— Dépêche-toi de te vêtir qu'on le rejoigne vite !
Zack s'exécuta, même s'il ne partageait pas sa joie, car une ombre demeurait au tableau : quels étaient les sentiments de Kazuya à son égard ?

mercredi 4 mai 2016

Cœur de fantôme - 44

Se souvenant de la déchirure que lui avait occasionné sa première et dernière malheureuse expérience du sexe anale de l'autre côté de la barrière, Zack  commença à paniquer. Cependant, Kazuya lui prodigua des mots rassurants et réconfortants. Et, comme lui n'était pas tendu et crispé, mais confiant, quand Nino s'enfonça en lui en douceur, s'enquérant de s'il avait mal, Zack n'éprouva pas la moindre douleur, uniquement la sensation d'être entièrement empli.
Nino se mit à bouger en lui caressant le pénis. Se faire prendre pouvait aussi être délicieux, surtout par quelqu'un qu'on aimait, et ce, même si ce dernier pensait à un autre.
Nino le regardait, il n'avait pas fermé les yeux et cherché à prétendre que c'était un grand gaillard aux yeux noirs bridés et au nez busqué à qui il était en train de faire l'amour.
Soudain, Nino, au bord de la jouissance,  murmura son prénom :
— Zack...
Dans l'instant Kazuya s'évapora, laissant un grand vide en lui.
Nino donna encore quelques puissants coups reins et ils jouirent ensemble, mais sans Kazuya qui l'avait déserté.
Nino n'avait pas réalisé ce qui s'était passé. Zack aurait aimé le lui cacher, mais il ne réussit pas à faire semblant d'être Kazuya. A peine avaient-ils échangé deux mots que Nino comprit que son amoureux avait cessé de le posséder.
Il sauta hors du lit et se mit à enfiler à la va-vite ses vêtements. Il était catastrophé.
— Quand a-t-il quitté ton corps ? Pourquoi ne m'as-tu pas prévenu ? lança-t-il, accusateur tout en boutonnant à la hâte son jeans.
— Au moment où tu m'as appelé... Cela s'est fait trop vite.
Zack était sonné entre le départ en douce de Kazuya et son prénom sur les lèvres de Nino qu'il ne savait comment interpréter.
Le jeune homme se figea.
— Oh, merde ! Comment ai-je pu lui faire ça ? Pourvu qu'il me pardonne...
Zack fut blessé que Nino ne se soucie pas de lui, mais face à sa détresse, il prit sur lui et chercha à le rassurer :
— Il a dû être surpris, c'est tout. Cette situation, c'était nouveau pour tout le monde...
— Mais pourquoi est-il parti sans un mot ? Il faut que je lui parle, répliqua Nino en achevant de s'habiller.
Zack, encore nu, le suivit à la porte d'entrée.
— Laisse-moi le temps de me préparer que je t'accompagne...
Nino secoua la tête avec virulence.
— Il vaut mieux que tu ne sois pas là ! s'écria-t-il, la voix tremblante, des larmes perlant ses cils.

mardi 3 mai 2016

Cœur de fantôme - 43

Kazuya lui intima de se taire, puis Nino entra en action : il tira sur le pull de Zack pour l'obliger à se baisser et pressa ses lèvres contre les siennes avant d'introduire sa langue et d'explorer sa bouche.
C'était donc ça être embrassé par Nino... Terriblement excitant. Ce sentiment, Zack aurait bien été en peine de dire si c'était le sien ou celui du fantôme.
Le baiser se prolongea jusqu'à ce que Nino s'écarte, le souffle court et les joues empourprées.
Zack eut envie de le déshabiller. Kazuya, lui, choisit de le prendre dans ses bras. Nino glissa les doigts dans ses manches, mais elles étaient trop serrées pour qu'il puisse dépasser les poignets.
Zack eut conscience avec une acuité douloureuse que si cela avait été vraiment Kazuya qui portait en permanence un kimono, Nino serait remonté plus loin et aurait pu caresser ses avant-bras. C'était le signe que c'était à Kazuya qu'il faisait l'amour et non à lui.
Kazuya à qui son désarroi n'avait pu échapper, s'éloigna de Nino qui fut un instant déconcerté avant de constater que le fantôme retirait d'un seul coup son pull et son col roulé, dévoilant le torse musclé de Zack.
Il reprit ensuite Nino contre lui qui déposa un baiser au creux de son cou.
Peu à peu les vêtements de l'un et l'autre tombèrent, leurs deux corps restant collés.
Ils s'allongèrent nus sur le lit, Nino se plaçant au-dessus de Kazuya-Zack, leurs pénis durcis par le désir se touchant. Ils commencèrent à se frotter l'un contre l'autre. C'était incroyablement bon.
Quand Kazuya-Zack se dégagea en douceur pour récupérer préservatifs et lubrifiant, une ombre passa dans les yeux de Nino.
— Kazuya ? demanda-t-il d'un ton inquiet.
— Oui, c'est bien moi, répondit le fantôme avec la voix de Zack.
Prenant la main de Nino, il la porta aux lèvres du jeune homme pour la caresser du bout des doigts – sa technique pour l'embrasser quand il occupait le corps de Nino.
Zack comprit alors à quel point la situation était troublante. Kazuya avait beau être en lui, Nino était face à lui. C'était ses mains qui le touchaient, même si c'étaient Kazuya qui les dirigeaient. C'était sa peau contre la sienne. Son odeur, sa saveur, ses battements de cœur sous les doigts du jeune homme... Rien n'était à Kazuya. Oh oui, il avait bien fait de se laisser posséder.
« C'est bien que l'expérience soit satisfaisante pour toi. » lui répondit le fantôme mentalement alors que jusque là, il s'était fait discret, occupé avec Nino. Zack sentit que Kazuya, lui, était triste. Il n'eut pas le temps de s'appesantir sur la question, car Nino se préparait à le pénétrer, se montrant plus que généreux sur le lubrifiant.

lundi 2 mai 2016

Cœur de fantôme - 42

— On monte ? s'enquit Nino en s'empourprant, inconscient de leur échange mental.
Son embarras systématique vis-à-vis du sexe était étonnant après tout ce qu'il avait vécu...
« Il n'a pas tant d'expérience que cela, surtout de son propre chef, tous les fantômes n'ont pas des regrets liés à la chair. »
Quand Kazuya le possédait, peut-être parce que ce mode de communication cérébral était plus rapide que le verbal, il se montrait moins avare en informations. C'était un avantage, excepté qu'au final Zack préférait apprendre les choses concernant Nino directement de sa bouche. C'était plus équitable ainsi. Il y avait d'ailleurs une forme d'injustice à ce que le fantôme sache tout de lui et Nino dans les moindres détails de leur vie sexuelle alors que lui ne se dévoilait pas.
« Cela t'intéresse vraiment ? »
Zack ne pouvait retenir le flot de ses pensées et bien sûr le fantôme en profitait.
Il ne put rater le oui et le non qui se succéda dans son esprit en une microseconde. Il partagea alors un souvenir de son passé.
Zack vit une femme très maquillée entre deux âges qui était accroupie entre des jambes musclés appartenant sans nul doute à Kazuya. Elle tenait le pénis de ce dernier dans sa main et allait le porter à ses lèvres.
« C'était une prostituée. C'est elle qui m'a tout appris. »
Zack ne tenait pas à en voir davantage, mais était tout de même curieux d'en savoir plus. Il était cependant davantage impatient d'enlacer Nino, à moins que cela ne soit l'inverse qui se produise, auquel cas...
— Rendons-nous plutôt chez Zack, déclara Kazuya.
Il avait lu dans l'esprit de Zack qu'à son appartement, il y avait tout ce qu'il fallait niveau lubrifiant et préservatifs, choses que Nino ne devait pas avoir...
— Pourquoi pas ici ?
— Parce qu'il préfère là-bas, répondit Kazuya sans expliciter la raison.
Nino, non sans réticence, s'inclina et Zack se sentit rassuré que son opinion soit prise en compte en dépit de la situation.
Kazuya et Nino ne tenaient pas à prendre la moto pour s'y rendre, mais là aussi, même à deux contre un, il l'emporta. A priori Nino comme Kazuya culpabilisaient de se servir de lui.
Il s'avéra que le fantôme qui n'avait jamais appris à conduire, les voitures n'existant pas de son vivant, était un piètre conducteur, même en piochant dans les connaissances de son hôte. Vu l'heure tardive, la circulation était heureusement presque inexistante. Toujours est-il que c'est en roulant bien en-dessous de la vitesse autorisée qu'ils parvinrent à destination.
Kazuya tapa le code d'entrée de l'immeuble sans hésitation et c'est en propriétaire qu'il entra  chez Zack, Nino à ses côtés.
Ils ne se parlaient pas. Nino semblait incertain et Zack percevait également de l'hésitation chez Kazuya. Qu'attendaient-ils pour s'embrasser ? Quand il l'avait possédé de force, le fantôme n'avait pas fait preuve de tant de réserves !