mardi 10 septembre 2019

Bleu Ciel Océan - 14

Une routine s’installa. Ils se levaient, marchaient jusqu’au point d’eau, ramenant chacun avec eux une demi-coco nettoyée – après de multiples essais, ils étaient parvenus à ne pas en briser une, ils mangeaient, récoltaient du bois pour le feu, ramassaient des galets pour rendre plus visible leur SOS géant, pêchaient (sans aucun succès pour Lukas), retournaient chercher de l’eau et dînaient. Au cours de la journée, ils s’efforçaient chacun d’enseigner à l’autre quelques mots. Cela facilitait leur communication qui restait essentiellement gestuelle.
Parfois Lukas sentait le regard intéressé de Wata sur sa personne. A moins que ce ne soit son ego qui ne lui fasse s’imaginer cela. Lui-même se surprenait en tout cas souvent à contempler Wata. Le jeune homme avait quelque chose de séduisant avec sa peau glabre et ses grands yeux noirs.


    Le matin du dixième jour de leur séjour forcé sur l’île, Lukas se réveilla seul dans leur abri. Wata ayant tendance à dormir plus tard que lui, il en éprouva un vif malaise. Hormis pour leurs besoins, ils ne se séparaient pour ainsi dire jamais.
Son inquiétude augmenta jusqu’à ce qu’il le repère assis sur la plage, face à la mer.
Même si Wata demeurait une énigme sur bien des plans en raison de la barrière de la langue, mais aussi de son amnésie, il s’était attaché à lui. Il se dépêcha de le rejoindre.
Wata traçait des traits dans le sable avec un bâton.
En s’approchant, Lukas constata que c’était des visages.
— Tu t’es souvenu de quelque chose ?
Lukas effleura la tempe de Wata, celle qui avait été ornée d’une vilaine bosse qui s’était désormais résorbée.
C’était la première fois qu’il lui demandait. Avant, il avait préféré éviter d’appuyer ou cela faisait mal dans tous les sens du terme.
Les épaules de Wata s’affaissèrent à sa question dont il avait dû saisir la teneur et il secoua tristement la tête.
Lukas regretta de ne pas avoir su tenir sa langue.
— Tu dessines bien, lança-t-il en pointant le personnage tracé sur le sol.
Wata posa son bâton de côté.
Il était vraiment d’humeur mélancolique aujourd’hui. Avoir perdu son identité, ne plus savoir qui on était devait être horriblement dur, au moins autant que d’être obligé de survivre sur une île déserte. Or Wata combinait les deux.

1 commentaire:

Jeckyll a dit…

Mon dieu j'adore chaque jour venir et savourer la suite des aventures de nos robinson crusoé ^o^

Cette histoire est prenante et addictive :) hâte de lire le prochain épisode