vendredi 29 octobre 2010

Mémoire Etoilée - 62

Après le départ de Dambert, Maïlka s'empressa d'attraper l'écran portatif pour envoyer un message à Isaak et Elxy afin de les prévenir. Il étain en train de le rédiger quand l'aide soignante débarqua pour lui poser de nouveaux pansements. Craignant qu'il ne voit ce qu'il écrivait, le jeune homme éteignit l'écran.
Une fois qu'il fut à nouveau seul, il se rappela qu'Elxy avait utilisé la navigation codée lors de leurs recherches sur l'amnésie. Il effaça le message trop explicite qu'il avait commencé et en concocta un volontairement obscur.
Le lendemain, au tout début de la tranche horaire des visites, ses amis vinrent aux nouvelles, accompagné du nouveau pilote de l'équipe, Romillo. Maïlka expliqua alors en détails ce qui s'était passé. Pour ne pas froisser Suénor, il fit attention à ne pas souligner la gentillesse du commandant. Il s'ensuivit une discussion très animée qui ne déboucha sur aucune solution miracle.
Izeorg qui regardait ses amis se débattre avec le problème, éprouvait une culpabilité grandissante : ils désiraient couvrir l'amnésie d'Isaak afin qu'il ne se fasse pas exécuter comme possible infiltré, mais Izeorg savait désormais que, même s'il avait légitiment perdu la mémoire, le corps d'Isaak était bel et bien infiltré.
Les cinq pilotes se triturèrent les méninges pendant plus d'une heure, avant que Suénor, las de ne parvenir à rien, décide qu'il était temps de poursuivre son entreprise de séduction de Maïlka. Cependant, trop préoccupé par le sort d'Isaak, le jeune homme ne se montra pas le moins du monde coopératif. De guerre lasse, Suénor finit par abandonner, se contentant de le couver des yeux, tout en accordant une attention distraite au débat qui faisait rage.
Les heures autorisées pour les visites se terminèrent sans qu'ils parviennent à déterminer ce que devait dire Maïlka au commandant Dambert, une fois le délai écoulé.
Après qu'ils aient été chassés dehors par une aide soignante, Maïlka continua imaginer ce qu'il dirait à Dambert. Tout en sachant qu'il n'aurait pas dû, il était pressé de le revoir. Le temps s'étirait terriblement lentement dans la chambre d'hôpital.
Après le repas du soir composé de comprimés énergisants et de cachets reconstituants, parce qu'il n'avait rien de mieux à faire, le jeune homme regarda sa boîte de réception. Deux mails l'y attendaient. L'un était de Suénor et contenait « d'amicales caresses », l'autre, d'Isaak lui disait de ne pas hésiter à avouer la vérité au commandant, qu'il était prêt à en assumer les conséquences. Il parut clair à Maïlka qu'il n'avait pas consulté Elxy avant d'écrire ce mot, mais il se sentit soulagé d'avoir l'accord de son ami. Quoiqu'en pense Elxy, cacher plus longtemps l'amnésie d'Isaak était impossible.

lundi 25 octobre 2010

Mémoire Etoilée - 61

Maïlka secoua légèrement la tête pour reprendre ses esprits. Il fallait qu'il gagne du temps afin d'informer Isaak et le reste de la bande.
– Puis-je y réfléchir ?
Dambert devina sans peine les intentions du jeune homme. Il aurait pu lui mettre la pression mais, devant son air angoissé, il n'eut pas le cœur d'insister et il décida d'accorder aux transgresseurs un dernier délai. Ce n'était plus à quelques jours près.
– Vous avez une semaine. Pas un jour de plus, dit-il en se levant.
– Merci, commandant, murmura Maïlka avec soulagement.
Dambert rangea le siège flottant sur lequel il s'était assis, puis voulut prendre congé. Le regard d'or plein de tristesse du jeune pilote l'arrêta. Le pauvre devait se sentir bien seul dans cette minuscule pièce où il n'avait rien d'autre à faire que se morfondre. Il était vraiment regrettable de penser que la brève carrière de pilote de Maïlka allait prendre fin. C'était un bon tireur qui aurait pu devenir excellent après quelques années sur le terrain s'il n'avait pas malencontreusement perdu l'usage de ses jambes. Ses perspectives d'avenir était désormais réduites. Il n'avait quasiment plus aucune chance d'être choisi comme mari par une femme quand il serait en âge et il était inéligible à de nombreux postes de travail...
– Tu as envie que je reste ?
– Je... Je... Vous devez avoir mieux à faire... bégaya Maïlka.
– Des tâches fastidieuses m'attendent, mais je peux bien te tenir un peu compagnie.
La joie qui illumina les traits du jeune homme rappela à Dambert que ce dernier était amoureux de lui. Cependant, s'il était cruel de lui donner des faux espoirs, il était tout aussi cruel de revenir sur sa proposition. Tout en s'installant à nouveau sur un siège flottant, il se demanda ce que le jeune homme lui trouvait. Avant qu'il soit nommé commandant, personne ne s'était jamais intéressé à lui et Djlko ne se faisait guère d'illusions sur son physique. Il savait parfaitement qu'il avait un visage anguleux et un teint olivâtre. Peut-être que Maïlka qui avait été élevé à l'orphelinat du vaisseau mère se cherchait inconsciemment une figure paternelle, peut-être confondait-il admiration et amour...
Cette idée rasséréna Dambert qui discuta un bon quart d'heure avec le jeune homme avant que son bipper ne sonne, le contraignant à partir.

En raison d'un rhume qui est en train de dégénérer et qui est accompagné d'un mal de tête persistant, nouvelle pause pour quelques jours.

vendredi 22 octobre 2010

Mémoire Etoilée - 60

Dambert ne fut pas dupe une seconde du mensonge.
– C'est tout à ton honneur de vouloir protéger tes amis, mais il vaudrait mieux pour eux que tu m'expliques ou je serais de toute manière forcé de sévir. Tu peux me confiance.
Maïlka resta interdit. Il ne tenait pas trahir Isaak, mais n'avait pas envie non plus que son silence soit source de problème pour ses amis. Il ne doutait pas que le commandant Dambert soit juste et intègre, mais le cas d'Isaak était particulier et il était impossible de savoir comment il allait réagir. Il pouvait tout aussi bien déclarer « nous avons déjà eu des cas d'amnésie et bien évidemment, nous les avons soignés » que « Isaak doit être exécuté et Elxy, Suénor, toi et Romillo, vous serez punis pour complicité. » Maïlka repensa à tous les échanges qu'il avait eu avec Isaak depuis qu'il était amnésique, toutes les questions que ce dernier avait posé sur le fonctionnement de leur société...
– Pourquoi les Almortiens et les humains se battent-ils ? s'entendit-il demander à sa propre surprise.
La question sortait un peu de nulle part et il y eut un moment de malaise. Cependant, Dambert, décidé à ne pas perdre le contrôle de la conversation, répondit :
– Je te le dirais, si tu me confies la raison pour laquelle Elxy et Isaak échangent leur poste. Une réponse contre une autre, cela semble équitable, non ?
Jamais Maïlka n'aurait cru que le commandant Dambert soit du genre à s'adonner au chantage. Toutefois, il n'en éprouva pas de déception. Cela le rendait juste encore plus attachant. Il caressa brièvement l'idée de tout avouer contre un baiser avant de se morigéner.
– Les origines de la guerre entre les Almortiens et humains sont-elles donc secrètes ?
– Non, mais peu de gens les connaissent, car rare sont ceux qui s'y intéressent. Nous sommes en guerre depuis si longtemps... Bref, ce n'est pas un mystère, mais plutôt une vérité qui n'est pas bonne à savoir.
Maïlka se retint de répliquer que c'était pareil pour Elxy et Isaak. Malgré lui, sa curiosité était éveillée et il émit une suggestion, désireux d'en apprendre plus sans avoir à révéler l'amnésie de son ami :
– Nous avons le mauvais rôle dans l'histoire, c'est ça ?
– Non, ce serait trop simple, dit Dambert.
Le sourire qui accompagna ses paroles eut une effet dévastateur chez Maïlka qui perdit momentanément le fil de la discussion. Dambert fut obligé de demander à nouveau si le jeune pilote était d'accord pour procéder à l'échange d'informations.

jeudi 21 octobre 2010

Mémoire Etoilée - 59

Quand la porte se fut refermée sur Elxy, Isaak, Suénor et Romillo, Maïlka retomba sur ses oreillers, épuisé. Il était content que leur entraînement du matin se soit bien passé, soulagé que le secret d'Isaak soit préservé malgré son abandon involontaire de l'équipe, mais il était déprimé à l'idée qu'il ne monterait plus jamais dans un Glass.
Avec une curiosité morbide, il souleva la couverture et regarda ses jambes. Sur ordre du docteur, une aide soignante lui avait enlevé les pansements régénérateurs qui les recouvrait et ne les avait pas encore remplacés afin de laisser les jambes respirer. Jusqu'à mi-cuisses, elles étaient parfaitement normales et elles avaient conservé toute leur sensibilité. Les choses se gâtaient ensuite : elles étaient zébrées de vilaines marques rouges foncées et il pouvait enfoncer ses ongles dans la chair sans ressentir quoique ce soit.
Il était plongé dans cet horrible contemplation depuis un bon moment quand la porte s'ouvrit. Il voulut remonter d'un geste la couverture, mais à son grand désespoir, celle-ci glissa hors de sa portée sur le sol. La gêne du jeune homme augmenta quand il constata que son visiteur n'était autre que Djklo.
Il lut de la pitié sur le visage du commandant et il comprit que ce dernier savait qu'il avait perdu l'usage de ses jambes. Pourquoi lui rendait-il donc visite ? Un court instant, en dépit de toute logique, le jeune homme se prit à espérer que Dambert avait changé d'avis à son sujet.
Le commandant le salua, ramassa négligemment la couverture qu'il remit en place sur le lit, puis attrapa un siège flottant dans la pile et s'assit dessus.
A l'entraînement matinal, il avait remarqué qu'une fois de plus, c'était Elxy Merredith et non Isaak Gedaral qui avait pris les commandes du Glass qu'on leur avait attribué. Il aurait aimé aborder le problème de façon frontale avec les principaux concernés, mais s'était de retenu de le faire, sachant qu'il serait alors obligé de leur coller une sanction. Or, les effectifs étant bas, il ne souhaitait pas garder d'aussi bons éléments à l'abri du vaisseau mère. Cependant, il ne pouvait pas continuer non plus à autoriser cette infraction aux règles.
– J'ai à te parler à propos de ton ancienne équipe.
Maïlka se raidit, inquiet.
– Un problème ? dit-il d'une voix légèrement tremblante.
– Pourquoi Elxy prend-t-il systématiquement la place d'Isaak ?
Le jeune homme fronça le nez, se mordit la lèvre avant de balbutier :
– Je ne sais pas.

mercredi 20 octobre 2010

Mémoire Etoilée - 58

Elxy se dépêcha de tout raconter : la collision évitée de justesse, l'évanouissement d'Isaak, son réveil, sa perte de mémoire, leurs inquiétudes, leur décision de cacher l'incident... Pendant toutes les explications et justifications d'Elxy, Romillo observa avec attention Isaak et son comportement envers Stipo. Le visage de l'enfant rayonnait de contentement, tout au bonheur d'avoir trouvé un compagnon de jeu coopératif. Il semblait impossible qu'Isaak put être un Almortien infiltré qui prétendait être amnésique et, en même temps, Romillo ne s'était pas rendu compte du moment où son propre compagnon avait cessé d'être lui-même... Yerb lui manquait atrocement. Il avait eu le temps de réfléchir et de se dire qu'il aurait préféré que Yerb continue à vivre malgré l'Almortien qui s'était introduit en lui.
Izeorg finit par sentir le regard scrutateur de Romillo et il leva les yeux, inquiet d'être ainsi dévisagé. Il craignait que Romillo ne perce à jour sa véritable identité. Après quelques mots à l'intention du garçonnet, il se releva et rejoint le petit groupe.
Elxy s'arrêta de parler et passa un bras protecteur autour de la taille d'Isaak. A cette vue, la gorge de Romillo se serra. Plus jamais il ne pourrait enlacer Yerb... Ils auraient dû mourir ensemble. S'il n'y avait pas eu Stipo, Romillo n'aurait pas trouvé le courage de continuer... Si Elxy perdait Isaak, il n'aurait même pas ce réconfort.
– Je garderai le secret. Ne vous inquiétez pas, déclara-t-il d'une voix ferme.
– Super ! Et maintenant, si vous n'avez plus besoin de moi, j'y vais, s'empressa de dire Suénor.
Avec un soupir, Elxy lui fit signe qu'il pouvait filer. Un peu interloqué, Romillo regarda le séduisant homme blond disparaître derrière le panneau coulissant.
– Il a le feu aux fesses, ma parole ?!
Elxy dont la tension nerveuse était retombée d'un coup après que Romillo ait accepté de taire l'amnésie d'Isaak, éclata de rire.
– Dans tous les sens du terme, approuva Izeorg avant de laisser lui aussi libre cours à son hilarité.
Romillo qui était au courant de la réputation de Don Juan de Suénor, comprit et eut un petit sourire. Stipo, intrigué, délaissa son jouet et vint aux informations. Son intérêt accrut l'amusement des trois hommes.
– C'est craquant, les enfants, murmura Izeorg.
Romillo se rappela que Yerb et lui s'étaient souvent demandés pourquoi leurs amis ne sautaient pas le pas. Par discrétion, ils ne les avaient pas interrogés. Au vue de la réaction d'Isaak vis à vis de Stipo, ils avaient parié que bientôt leurs amis s'inscriraient sur la liste d'attente... Maintenant, en sachant ce qui était arrivé à Isaak, il ne savait plus quoi penser. La seule certitude, c'est qu'Isaak, authentique amnésique ou Almortien infiltré, aimait les gosses.

mardi 19 octobre 2010

Mémoire Etoilée - 57

La chambre de Romillo et Yerb était juste à quelques pas de celle d'Isaak et d'Elxy. Il ne leur fallut donc qu'une minute pour débarquer chez Romillo qui les fit entrer sans enthousiasme. Tout à son deuil, il n'était visiblement pas d'humeur à recevoir qui ce soit. Dans son parc, l'air triste, Stipo jouait en silence, comme s'il avait peur de troubler le chagrin de son père. Izeorg comprit que l'enfant était profondément perturbé. Sans plus se préoccuper du but de leur visite, il alla s'accroupir aux côtés du petit garçon.
Elxy, après un regard un peu étonné à son compagnon, attaqua bille en tête :
– Tu as vu ton ordre d'affectation ?
– A l'instant, répondit Romillo en hochant la tête.
Comme il ne disait rien de plus, Elxy fut obligé de le relancer sur le sujet :
– Alors, content de nous rejoindre ?
Romillo eut un semblant de sourire qui ressemblait plutôt à une grimace.
– Je préfère ça que devoir faire équipe avec des inconnus, oui. Vu que nous avons déjà piloté ensemble, il y a six ans, avant que Suénor ne soit nommé à ma place, nous devrions ne pas avoir trop de difficultés à nous coordonner. Et ce, même si nous avons droit à un Glass de la vieille génération.
Elxy avait également noté qu'on leur avait collé un vieux robot, mais il présumait que c'était une mesure temporaire, le temps que les mécaniciens reconstruisent de nouveaux Glass. Beaucoup de robots avaient été détruits dans la dernière bataille.
– On n'est plus pareil qu'il y a six ans... commença Elxy, avant de s'arrêter, ne voyant pas comment parler de l'amnésie d'Isaak sans la révéler franchement.
Suénor remarqua l'embarras d'Elxy et décida de prendre les choses en mains. Après avoir évoqué quelques techniques de tirs avec Romillo, il demanda sans prendre de gants :
– Qu'est-ce que tu ferais si un pilote de ton équipe devenait amnésique durant un combat ?
Elxy déglutit brutalement. Il trouvait que Suénor se montrait trop direct, mais ne pouvait pas intervenir sous peine de mettre la puce à l'oreille de Romillo.
– Je ne vois pas ce que je pourrais faire. Je ne suis pas médecin. Nous aurions de la chance si nous parvenions à rentrer vivants à la plateforme, je suppose, déclara Romillo en fronçant les sourcils.
Il n'avait pas l'air d'avoir la moindre idée d'où Suénor voulait en venir.
– Soit. Mais comment les officiers de contrôle pourraient-ils distinguer un Almortien infiltré d'un amnésique ? demanda Suénor.
– Ils n'auraient aucun moyen, j'imagine, mais pourquoi...
Romillo s'interrompit. Il venait de réaliser qu'il ne s'agissait pas d'une situation hypothétique. Son regard passa de Suénor à Elxy, puis enfin à Isaak qui s'était mis à jouer avec Stipo.

lundi 18 octobre 2010

Mémoire Etoilée - 56

– Quel coup de chance ! Vous êtes amis de longue date avec lui. Voilà qui résout tout, commenta Suénor.
– Je pense pas que ce soit pour autant dans la poche. Surtout avec la mort toute fraîche de Yerb. On va aller lui rendre une petite visite maintenant, histoire de prendre la température.
– Bonne idée. Faîtes donc, déclara Suénor en prenant tranquillement la direction de la porte.
Elxy le retint en lui posant la main sur l'épaule.
– Où crois-tu te tirer comme ça ?
Suénor fit un geste vague de la main.
– J'ai à faire.
– Ne me dis pas que tu comptes retourner embêter Maïlka ! s'exclama Elxy.
– Non. J'ai un rendez-vous avec un aimable blondinet.
– Quoi ?! Tu n'es vraiment qu'une machine à séduire !
Suénor piqué dans son amour propre, répliqua :
– Ce n'est pas un crime d'aimer séduire ! Et tu peux parler. Avant Isaak, tu n'étais pas du genre à refuser qui que ce soit.
Izeorg ouvrit tout grand les oreilles, désireux d'en apprendre plus sur le passé de son compagnon.
– C'est vrai, reconnut Elxy avec gêne.
Dans sa folle jeunesse, dans sa curiosité, tout à la découverte des plaisirs sexuels, il avait accueilli bon nombre de personnes dans son lit.
Elxy s'éclaircit la gorge et reprit :
– Mais puisque tu prétends aimer Maïlka... Enfin, tu fais ce que tu veux, mais ne le blesse pas. Et tu peux annuler ton rendez-vous, car tu nous accompagnes chez Romillo. On pourrait avoir besoin de toi pour jouer avec le petit Stipo pendant qu'on cause à son père.
Suénor soupira, mais opina. Il se moquait bien du blondinet. De toute façon, avec un peu de chance, il ne se formaliserait pas et serait d'accord pour coucher avec lui un autre jour.

vendredi 15 octobre 2010

Mémoire Etoilée - 55

Quand vint l'heure d'aller à l'hôpital, Izeorg éprouva un brin d'inquiétude. C'était la première fois qu'il allait revoir Maïlka depuis qu'il s'était souvenu de son véritable nom. Il avait réussi à donner le change à Elxy, mais craignait bizarrement que le jeune homme ne devine que quelque chose. Elxy ne manqua pas de remarquer sa nervosité, mais l'attribua au problème qu'allait poser le remplacement de Maïlka dans leur équipe. D'un commun accord, ils avaient décidé de ne pas en parler au jeune homme afin qu'il se consacre à son rétablissement.
Maïlka
les accueillit avec un sourire baigné de larmes. Le médecin avait été formel : il n'y avait aucune chance qu'il remarche un jour. Isaak et Elxy essayèrent de le consoler du mieux qu'ils purent, mais sans grand succès. Suénor qui les rejoignit plus tard, réitéra la proposition qu'il avait faîte la veille à Maïlka, mais le jeune homme refusa une fois de plus. Sans se soucier de la présence d'Elxy et Isaak, Suénor commença son opération séduction.
Très vite Elxy et Isaak constatèrent que le jeune homme se fatiguait, aussi ils décrétèrent qu'il était temps de le laisser se reposer. Suénor, lui, ne voulut pas partir. Après avoir argumenté avec lui un moment, Elxy et Isaak durent finalement l'entraîner de force hors de la chambre.

Une fois qu'ils furent dans le couloir, Elxy s'exclama :
Il n'est pas en âge, fiche-lui donc la paix !
Suénor protesta faiblement. Au fond de lui, il savait qu'il se montrait trop insistant, mais il ne pouvait s'empêcher d'être irrité que le jeune homme lui résiste. Avant de faire sa déclaration, et malgré les sentiments de Maïlka pour le commandant Dambert, il avait toujours pensé qu'il arriverait à le séduire sans trop de difficultés.
– On a des trucs plus graves sur les bras. J'ai pas réussi à te contacter hier pour qu'on en cause, déclara Elxy.
– Qu'est-ce qu'il y a ?
– Tu n'es pas demandé ce qu'on ferait avec le nouveau pilote qu'on va nous fourrer entre les pattes ?
Suénor fronça légèrement les sourcils, puis jeta un coup d'œil à Isaak. Il avait compris le problème. Il accompagna Elxy et Isaak dans leur chambre afin d'en discuter en privé.

Suénor avait tiré les mêmes conclusions qu'Elxy quand leurs bipper sonnèrent. En même temps, l'écran clignota indiquant la réception d'un message important. Sans tarder, ils en prirent connaissance. C'était leur ordre d'affectation à un nouveau Glass. Une sortie d'entraînement avec Romillo Argeus qui allait désormais compléter leur équipe était prévue pour le lendemain matin.

jeudi 14 octobre 2010

Mémoire Etoilée - 54

Quand, enfin, le jeune homme s'arrêta de parler, Suénor déclara :
– Je t'aime.
Le jeune homme s'arracha de suite à son étreinte et lui jeta un regard incrédule. Il ne pouvait croire qu'Isaak ait deviné juste. Cela devait être une plaisanterie.
– Tu es sérieux ? Mais tu as un nombre incalculable d'amants...
– Cela n'empêche rien. Je t'aime à ma manière. Sois mon compagnon dès que tu seras en âge.
Maïlka se raidit. C'était la phrase qu'il aurait aimé entendre sortir de la bouche de Dambert.
– Toi qui adores séduire, tu arrêterais ? Tu te contenterais de moi ?
– Pourquoi l'amour se devrait d'être exclusif ? Même si mon corps se mêle à d'autres, mon cœur, lui te seras fidèle.
– Alors, peu t'importerait si je couchais avec d'autres ? Tu ne serais pas jaloux ?
– Si ton cœur m'appartient, non.
– Je l'ai déjà donné. Il n'est plus mien.
– A Dambert ? Il n'en voudra jamais. Deviens mon compagnon... Comme ça, même si tu restes paralysé, tu pourras vivre avec moi dans le quartier des pilotes au lieu d'être exilé dans la zone civile.
Les yeux dorés de Maïlka s'emplirent à nouveau de larmes. Sans le vouloir, Suénor se montrait cruel. Le jeune homme avait envie de continuer de rêver que Djklo le chérirait un jour. Il espérait pouvoir piloter à nouveau. Il ne voulait pas envisager un avenir où il serait coincé dans un fauteuil flottant dans la zone civile.
– Ta proposition est tentante, mais c'est non. Nous ne ferions que nous blesser. Je ne ressens que de l'amitié pour toi.
Suénor insista, rapprochant son visage du jeune homme pour lui dérober un baiser, mais avant qu'il n'ait eu le temps de parvenir à ses fins, la porte s'ouvrit sur l'homme à la blouse rose.
– C'est l'heure, annonça-t-il.
Suénor soupira, mais se releva.
– On en reparlera. En tout les cas, tu peux compter sur moi, dit-il à l'intention de Maïlka.
– Ma réponse est non, répliqua le jeune homme.
– Pour le moment, rétorqua Suénor avant de quitter précipitamment la pièce pour être sûr d'avoir le dernier mot.
– On dirait que cela n'a pas marché comme vous le souhaitiez, commenta l'homme à la voix d'enfant.
– En effet. Vous êtes partant pour me consoler par un baiser ou plus ? lui souffla Suénor à l'oreille.
L'homme n'était pas vraiment son genre avec ses quarante balais, sa voix de gosse, son grain de beauté sur la joue, et il n'avait plus rien à gagner à le séduire, mais il n'avait pas pu résister au plaisir de tâter le terrain.
– Je regrette. Je n'aurais pas dû me mêler de ce qui ne me regardait pas.
– Ah ! Vous n'êtes pas drôle, mais merci de m'avoir permis de voir mon ami.
– Venez lors des heures de visites, la prochaine fois.
Suénor acquiesça et s'éloigna à grandes enjambées. Demain, il reviendrait à la charge. Il saurait faire céder Maïlka, il en était certain.

Manga Yaoi en octobre 2010

Il est plus que temps de parler des sorties Boy's Love d'octobre 2010...
Déjà commençons par le titre oublié du mois dernier : Lovers and Souls de Kano Miyamoto, dont un autre one-shot Vanilla Star était aussi sorti en septembre.

Il n'y a pas à dire Taïfu Comics est l'éditeur qui gâte le plus les lecteurs et lectrices qui aiment le boy's love avec 4 sorties : un nouveau one-shot de Kaname Itsuki, Interval, et 3 suites de séries, Aijin Incubus - Tome 2 de Rize Shinba, Love me tender - Tome 6 de Kiki et Love Mode - Tome 8 de Yuki Shizumi.


Côté réédition chez Panini, il y a New York New York Tome 3 de Marimo Ragawa.

Chez Tonkam, nouveau one-shot de Ryo Takagi, après les princes et les rois, avec un peu de retard, débarquement Pirate Game.

Sinon, il était question que Passions Félines de Shimaji, l'auteur de Playback sorte ce mois-ci aux éditions H, mais on dirait que cela a été repoussé...
Chez Asuka, petit mois, avec seulement 2 sorties : Yebisu Celebrities - Tome 2 de Fuwa Shinri et Kaoru Iwamato, et le Be x Boy Magazine Tome 9 qui contient en plus des séries habituelles, une histoire courte de You Higashino, My own private otaku qui a été récemment publiée au Japon.
Je ne suis pas trop fana des histoires de You Higashino, mais il faut reconnaître qu'en général, elles sont érotiques à souhait.

Pour finir, en lorgnant du côté de Kazé Manga, on trouve deux titres à tendances shonen ai, avec Silver Diamond Tome 10 d'un côté et 07 Ghost Tome 1 de l'autre.

mercredi 13 octobre 2010

Mémoire Etoilée - 53

Suénor, dès qu'il eut pris connaissance du message de Maïlka, abandonna sa conquête du jour pour courir à l'hôpital. Il avait passé trois longues journées à se ronger les sangs, tentant de tromper son inquiétude en draguant tout ce qui bougeait et il se sentait incapable de patienter jusqu'au lendemain. Même si les horaires officiels de visites étaient terminés pour la journée, il était décidé à se débrouiller pour entrer dans l'hôpital.
Dans un premier temps, le garçon d'accueil lui opposa un refus très ferme, mais devant le sourire enjôleur de Suénor qui lui promettait de « faire tout ce qu'il voudrait s'il lui permettait d'entrer », il finit par céder.
Suénor le remercia et s'engagea dans le couloir qui conduisait aux chambres des malades. Cependant, il avait à peine fait quelques pas qu'il fut interpellé par une voix enfantine :
– Que faîtes-vous ici ? Les visites ne sont plus autorisées à cette heure.
– Je n'ai pas le temps de jouer, riposta Suénor avant de se retourner pour faire face à son interlocuteur.
Hélas, contrairement à ce que laissait penser sa tonalité, la voix n'émanait pas d'un enfant, mais un homme d'une quarantaine d'années qui portait une blouse rose pâle d'hôpital.
Devinant qu'il serait maladroit de s'excuser pour une erreur que les gens devaient souvent commettre, Suénor choisit de répondre sérieusement à la question que l'homme avait posé un peu plus tôt.
– J'ai reçu une dérogation spéciale.
– Vraiment ? Alors, où est votre badge ?
Suénor n'en avait pas. Il essaya d'user de son charme, mais n'obtint aucun résultat. Il opta alors pour une autre stratégie et fit appel au romantisme de son interlocuteur. Cette fois, cela fonctionna. L'homme accepta qu'il demeure un quart d'heure auprès de Maïlka et, pour s'assurer qu'il ne dépasserait pas le délai octroyé, il l'accompagna jusqu'à la porte de la chambre du jeune malade.
Suénor se glissa sans bruit dans la pièce. Maïlka le visage enfoui dans son oreiller sanglotait. Quand Suénor lui toucha légèrement l'épaule, il sursauta et tourna ses deux grands yeux scintillants de larmes vers lui.
– Les visites sont finies... Comment ? bégaya le jeune homme, embarrassé d'avoir été surpris en train de pleurer.
– Je me suis débrouillé, mais je n'ai pas le droit de rester longtemps. Tu souffres ? demanda Suénor avec sollicitude.
Maïlka qui n'avait pas précisé dans son message qu'il allait peut-être ne plus pouvoir remarcher et qu'il avait été rejeté par Dambert, craqua et raconta tout. Au cours du récit, Suénor s'assit sur le bord du lit, le prit dans ses bras, et lui caressa le dos pour le consoler. Maïlka, tout à son chagrin, s'abandonna entre ses bras.

mardi 12 octobre 2010

Mémoire Etoilée - 52

Izeorg déglutit, troublé qu'Elxy soit aussi près de la vérité. Il fallait à tout prix qu'il le lance sur une autre piste.
– Qu'est-ce que nous ferons s'il y a une autre attaque des Almortiens ?
– C'est ça qui te tracasse ? Je pense qu'on va d'ici peu nous attribuer un nouveau Glass. Cela prend plus de temps que d'habitude, car on a bien failli frôler la catastrophe avec la pénétration de la barrière.
– Mais pour Maïlka ?
– D'après son message, il risque de ne pas être opérationnel avant longtemps, aussi on devrait nous adjoindre un nouveau membre...
Elxy n'acheva pas sa phrase, catastrophé. Ils ne pourraient jamais cacher l'état d'Isaak à un nouveau pilote. Même s'il avait donné à son compagnon des cours de pilotage en accéléré, il aurait été déraisonnable de lui laisser prendre les commandes d'un véritable Glass en situation de combat. Maintenant, il comprenait mieux l'air troublé de son compagnon, ce qu'il ne s'expliquait pas, c'est qu'il n'ait pas formulé ses inquiétudes plus tôt.
– On est dans la merde ! s'exclama-t-il à mi-voix.
Izeorg acquiesça vigoureusement. Son amnésie était le fond du problème. Sa crise identitaire ne pourrait se résoudre que s'il parvenait à se souvenir. Hélas, ce n'était pas une affaire de volonté.
– Viens, on rentre !
Izeorg ne se fit pas prier pour quitter le dôme qui lui rappelait désagréablement la baie vitrée de ses rêves.
Une fois dans leur chambre, Elxy passa en revue les différentes options qui s'offraient à eux, les rejetant toutes systématiquement. Avouer aux autorités la perte de mémoire d'Isaak demeurait hors de question. Prendre un congé était impossible tant que de des pilotes fraîchement diplômés n'étaient pas venus renflouer les effectifs durement touchés lors de la dernière bataille. Obtenir une dispense impliquait qu'Isaak ait un grave souci de santé. D'un côté, il était peu probable qu'un docteur se laisse prendre à une maladie feinte, de l'autre, il était horrible d'infliger volontairement une blessure à Isaak. Le congé et la dispense étaient dans tous les cas des solutions temporaires. Mettre le nouveau pilote dans le secret présentait des risques élevés. Il n'y avait aucune garantie. Il suffisait que le pilote désapprouve et il les dénoncerait...

lundi 11 octobre 2010

Mémoire Etoilée - 51

Elxy regarda le profil mélancolique d'Isaak, se demandant ce qui le tourmentait ainsi. Depuis qu'ils étaient rentrés au vaisseau mère après leur sauvetage inattendu, Isaak paraissait soucieux. Elxy avait cru que son compagnon était inquiet pour la vie de leur ami Maïlka, mais ils venaient de recevoir un message de ce dernier, et Isaak semblait toujours être préoccupé.
En attendant de pouvoir visiter le jeune homme, les heures de visites de l'hôpital étant achevées pour la journée, Elxy avait amené son compagnon au dôme dans l'espoir de le distraire. Le lieu était très animé, car c'était le seul endroit du vaisseau mère où l'on pouvait admirer les étoiles, bien à l'abri derrière un quadruple vitrage. Cependant, au lieu d'être transporté par la beauté de l'espace étoilé, Isaak avait l'air encore plus sombre.
– Qu'est-ce qui ne va pas à la fin ? grommela Elxy.
Il dut répéter sa question. Plongé dans ses pensées, son compagnon ne l'avait pas entendu.
– Rien.
– Alors, pourquoi tu fais cette tête ?
– Quelle tête ?
– Quand tu es anxieux, tu as toujours ce pli-là sur le front, répondit Elxy en pointant le haut du visage de son partenaire.
Ce dernier s'empressa de se frotter le front pour essayer de faire disparaître le pli coupable. Elxy lui attrapa la main pour l'empêcher de continuer, et la porta à ses lèvres pour y déposer un baiser avant de la relâcher.
– Est-ce que tu crains toujours que je ne te considère pas comme une nouvelle personne ? Si c'est le cas, tu devrais pas, je t'aime autant qu'avant, si ce n'est plus.
En entendant ces mots, Izeorg fut traversé d'une douleur fulgurante doublée d'une joie sans nom. Il fut surpris par cette ambivalence. N'aurait-il dû pas être pleinement heureux d'avoir supplanté Isaak dans le cœur d'Elxy ? Pourquoi en éprouvait-il aussi de la souffrance ? Pour la millième fois depuis qu'il s'était souvenu de son vrai nom, Izeorg s'interrogea sur ce que signifiait réellement une infiltration. L'Almortien qui s'infiltrait dans le corps d'un humain tuait-il son âme ou ne faisait-il que le contrôler ? N'y avait-il vraiment plus qu'Izeorg dans le corps d'Isaak ? Le mystère restait entier. Pour savoir, il aurait fallu se rappeler de plus qu'un simple nom...
– Tu veux vraiment pas me dire ce qui te chiffonne autant ? insista Elxy comme son compagnon restait silencieux, le visage agité d'émotions violentes. Tu as encore fait un rêve avec des Almortiens ou quelque chose comme ça ? demanda-t-il continuant à essayer de deviner.