lundi 27 janvier 2014

Le garçon fée - 143

– Que crois-tu faire ? siffla le fée des plantes entre ses dents.
– Rejoindre les filles. Ce n'est pas comme si j'allais me rincer l'œil, répondit Zibulinion le plus bas possible en vérifiant que personne ne se souciait d'eux.
Dame Nature soit louée, les autres étaient occupés à découvrir l'endroit où ils allaient dormir tandis que la fée accompagnatrice et la sorcière rousse discutaient entre elles.
– Mais quand même ! Tu ne devrais même pas être ici, pas comme ça. Que feras-tu la nuit, hein ?
– Je dormirai, comme tout le monde, rétorqua Zibulinion avec plus d'assurance qu'il n'en ressentait, car maintenir l'illusion en permanence le tracassait.
Sans compter qu'enlever son uniforme et révéler sa poitrine illusoire s'annonçait pour le moins spécial... et pas emballant du tout.
Waltharan le relâcha, l'air exaspéré et Zibulinion pénétra dans la pièce réservée aux filles.
Ces dernières soupiraient devant la pauvreté du décor. Il n'y avait là que des pierres nues, des planches grossières et des lits sommaires avec des draps, oreillers et couettes tous d'une même couleur grisâtre déprimante. Toutefois, tout était propre et dépourvu de toiles d'araignées.
Zibulinion, tout en les écoutant se plaindre, se choisit un lit près de la porte.
Ayant tout critiqué, les fées adolescentes matérialisèrent leurs baguettes et arrangèrent magiquement la pièce. Toutes les couleurs de l'arc-en-ciel vinrent parer les literies, les murs se mirent à scintiller et une pluie de fleurs égaya l'ensemble.
Zibulinion, lui, ne changea rien. Utiliser la magie n'avait rien d'un automatisme pour lui.
Une fée l'interpella :
– Hé ! Tu ne vas pas dormir dans des draps pareils sans même agiter ta baguette ?
Zibulinion qui ne souhaitait pas attirer l'attention sur lui hésita à teinter magiquement ces derniers, mais l'idée qu'il avait intérêt à ne pas dilapider son énergie magique mis à contribution perpétuelle pour préserver son illusion, le retint.
– Ils ne me dérangent pas tels qu'ils sont.
La fée qui s'était adressée à lui fut indignée et une autre lança que certaines personnes avaient mauvais goût. Pas affecté le moins du monde, Zibulinion fit comme s'il n'avait rien entendu. Il avait eu le droit à bien pire les mois passés...
La sorcière rousse débarqua, et après un sourire moqueur devant les transformations effectuées dans la pièce, demanda si elles étaient prêtes pour la suite du programme.
Les fées la suivirent dans de nouveaux couloirs et escaliers pleins d'araignées et débouchèrent dans un réfectoire où les élèves de Daroilak étaient déjà attablés. Zibulinion chercha Antenhyo des yeux, mais sans succès. Il y avait un paquet de sorciers mal peignés, mais pas d'Antenhyo en vue.
Le décor du réfectoire était également d'une grande sobriété. Seule une tapisserie représentant une vieille sorcière sur un balai égayait les pierres grises du mur et le sol était en terre battue. 
La sorcière rousse fit asseoir les fées sur une table de bois recouverte d'une nappe violette foncée et des assiettes d'argile contenant un magma brunâtre peu appétissant leur furent servies. Zibulinion se força à en porter une cuillère à sa bouche et découvrit qu'au lieu d'être infect comme il s'y attendait vu l'aspect, c'était délicieux. Le dessert verdâtre semblable à un serpent visqueux enroulé se révéla aussi une pure merveille.
Après quoi, ils furent conduits dans la cour intérieure de l'école. Une trentaine d'élèves de Daroilak se positionnèrent au garde-à-vous sur une longue bande rouge, le manche de leur balai planté dans le sol.
Un croassement marqua le signal du départ et les sorcières enfourchèrent leur balai à une vitesse démentielle, filèrent droit vers le bâtiment opposé avant de monter en flèche vers le ciel où un amas de nuages rougeâtres indiquait la lignée d'arrivée. Une des sorcières du peloton de tête se dégagea de ses adversaires et l'emporta.
La première course terminée, une seconde commença et ainsi de suite.
Le spectacle des courses incessantes devenant de plus en plus lassant à mesure que les heures passaient, Zibulinion fut soulagé quand à l'heure du dîner, il s'arrêta enfin. L'inactivité lui pesait, car n'ayant rien à faire, son esprit dérivait. Il s'inquiétait de tout ce qu'il risquait s'il était découvert. Il songeait aussi à Relhnad, loin de lui, à Valeiage.

A la fin d'un excellent dîner en dépit de l'apparence grotesque des plats, Antenhyo vint le trouver à la table des fées, provoquant remue-ménage et bavardages.
Zibulinion suggéra aussitôt qu'ils aillent ailleurs. A quelques chaises de lui, Waltharan le foudroya du regard, mais ne s'interposa pas.

1 commentaire:

Jeckyll a dit…

Décidément Waltharan se mêle beaucoup de la vie de Zibu en ce moment lol, je suis consciente qu'il a été dupé par l'illusion de Zibu mais quand même il s'entête celui là ^^

Merci pour cet épisode, j'aime beaucoup les détails que tu nous fournie sur Daroilak cela change du monde "merveilleux" des fées lol

Hâte de lire la suite et les retrouvaille avec Antenhyo XD