Amour Alien - 33

Après ce réveil fanfare, la journée se déroula de façon typique depuis qu’ils avaient échoué chez les Turquoises : des leçons de langue entrecoupées de repas fleuris avec un passage au point d’eau, et des bavardages avec les filles.
Joël supposait qu’une fois que leur maîtrise de la langue des Turquoises serait meilleure, ils seraient amenés à contribuer davantage à la vie du clan, notamment pour la nourriture qui ne se matérialisait pas comme par magie, les aliens passant leur temps à aller et venir, ramenant toutes sortes de choses.
Bien que tout soit comme à l’ordinaire, ou du moins ce qui était leur nouveau quotidien jusqu’à nouvel ordre, Joël demeura sur les nerfs.
Il ne pouvait s’empêcher de se demander ce qui allait se passer, maintenant que Aarp savait. Il voulait d’autres baisers comme celui de ce matin, et même davantage, mais en même temps, il était plein de doutes.
Pouvait-il s’autoriser à embrasser l’alien en public ? Sans doute que non, dans la mesure où cela l’excitait trop, mais est-ce qu’Aarp s’y attendait ? Miranda, Emilie et Lilou le faisaient et cela ne paraissait pas gêner leurs compagnons aliens, mais comment savoir ce qu’il en était vraiment ?
Finalement, vint l’heure de se coucher, tout le monde regagna les hauteurs et Joël se retrouva en tête-à-tête avec son alien.
— Allons à l’eau. Tu te baigneras, je te protégerai, déclara Aarp.
La prudence aurait sûrement voulu d’attendre davantage pour être sûr que tout le clan soit endormi, mais Joël s’empressa d’accepter.
Ils s’y rendirent en silence.
Bien qu’extrêmement conscient de la présence de l’alien turquoise à deux pas de lui, Joël se déshabilla.
— Tiens, du savon, dit Aarp en lui tendant une boule grumeleuse récupérée entre deux rochers sur la berge.
— Merci, dit Joël, plein de reconnaissance. Enfin, il allait pouvoir être vraiment propre !
Aarp, fidèle à ce qu’il avait dit, se mit à surveiller les alentours.
D’un côté, c’était rassurant, de l’autre, c’était presque décevant que la nudité de Joël ne l’intéresse pas plus que ça.
Joël se savonna, puis récupéra ses vêtements abandonner sur la berge pour les laver également.
Vu la température, ils sécheraient vite, pour ne pas dire instantanément. En tout les cas, Joël n’aurait pas à les porter longtemps mouillés.
Quand il fut rhabillé, aucune bête monstrueuse n’avait pointé le bout de son affreux museau, et ils repartirent comme ils étaient venus.
Une fois dans le logis de Aarp, avant que Joël n’ait le temps de tenter de converser avec lui, des gémissements de plaisir en provenance de la cabane d’à côté retentirent.
Bonjour l’embarras.

Amour Alien - 32

Joël était toujours en train de rêver. C’était la seule explication possible. La langue fourchue de Aap était longue, chaude et  râpeuse dans sa bouche.
C’était intense et impossible, une preuve de plus que ce baiser n’était pas réel.
Joël répondit avec ferveur et émit un gémissement frustré quand les lèvres turquoises se détachèrent des siennes.
— Nous pouvons descendre manger, maintenant, déclara Aarp.
Joël saisit le sens du propos avec un temps de décalage, mais il fut incapable de trouver quoi que ce soit à répondre. Il ne pouvait pas, lui, pas avec sa monumentale érection.
Il était à priori bel et bien réveillé, ce qui signifiait que Aarp savait qu’il était de sexe masculin.
Non, parce qu’entre son regard, un peu plus tôt alors que Joël peinait à émerger et la façon dont il l’avait tenu contre lui, l’alien avait forcément remarqué son pénis.
La bonne nouvelle, c’était que cela ne semblait pas le contrarier du tout. Il restait à savoir s’il comptait le dévoiler à tout le monde… Ce n’était pas comme si Joël savait comment dire « secret » dans la langue des Turquoises ou même « embrasser. »
En toute honnêteté, il avait du mal à réfléchir et il aurait préféré reprendre le baiser là où il s’était interrompu et n’avoir à s’inquiéter de rien.
Aarp attendait, calme et imperturbable.
Vu qu’il n’était pas des plus bavards, il était peu probable qu’il révèle quoi que ce soit à quiconque. Et puis, quoiqu’il advienne, à en croire le baiser, il était un allié.
— Tu peux y aller… J’arrive, réussit à dire Joël.
L’alien inclina la tête sur le côté – la manière des Turquoises pour acquiescer – et s’en fut.
Faute de la douche froide à laquelle il rêvait régulièrement depuis qu’il avait compris que la température de la planète était élevée en permanence, Joël prit plusieurs profondes inspirations pour se calmer.
Quand son excitation teintée d’appréhension retomba enfin, il quitta la cabane.
En bas, tout avait l’air normal. Filles et Turquoises dont Aarp discutaient et mangeaient ensemble. Ou pour être exact, les filles se parlaient entre elles, les aliens échangeant dans leur propre langue. Au moins, ils ne formaient plus deux groupes distincts comme au tout début.

Amour Alien - 31

C’était la troisième nuit que Jo passait dans son nid, la seconde sur les feuilles.
Bien que le désir de Jo à son égard soit palpable, l’extraplanétaire gardait ses distances, ce qui générait une tension déplaisante.
Aarp avait bien failli se caresser devant Jo pour voir sa réaction et y mettre fin.
Aarp contempla la silhouette endormie de l’extraplanétaire, les traits apaisés de son visage, les gouttelettes perlant sur sa peau. C’était la première fois qu’il avait l’occasion de l’observer au repos. Jusque là Jo avait toujours émergé avant lui.
L’extraplanétaire remua et Aarp tiqua devant la bosse au niveau de l’entrejambe. Cela ne faisait pas ça d’habitude.
Jo s’agita encore dans son sommeil et la matière noire qui recouvrait sa peau remonta jusqu’à dévoiler la rouge.
Aarp réalisa alors que Jo avait un pénis. Elle ou plutôt il, était de sexe masculin. Ou peut-être était-il entre deux genres... En tout cas, cela expliquait son refus de se baigner devant les autres pour le faire quand les autres étaient couchés, au mépris des risques encourus. C’était peut-être aussi la raison pour laquelle il n’avait rien tenté avec Aarp.
Jo ouvrit les yeux, croisa ceux de Aarp, rabattit en hâte la matière noire et croisa les jambes. Il espérait peut-être réussir à sauver le secret de son sexe, mais c’était trop tard. Le plus mystérieux était sans nul doute qu’il ait cru bon de le cacher.
Comme échanger verbalement demeurait pour le moment un exercice compliqué, Aarp hésita. Il pouvait soit faire comme s’il n’avait rien vu, soit montrer d’une façon ou d’une autre que cela ne le dérangeait pas.
Aarp trancha : il ne voulait pas que les choses continuent comme avant. Il souhaitait veiller sur Jo pour qu’il profite du point d’eau tandis que son clan était endormi et aussi le prendre dans ses bras.
— Je… Manger, déclara Jo d’un ton nerveux, en se mettant debout.
— Non, dit Aarp.
Et se levant d’un bond, il l’enlaça, le pressant contre son corps.
— Femelle ou mâle, ce n’est pas un problème, assura-t-il.
Et puis, il l’embrassa en profondeur, le goûtant avec sa langue.
Jo était délicieux.