Avant de filer aussi vite que ses jambes tremblantes le lui permettait, il glissa les clefs du studio choisi par son père dans la boîte aux lettres. Il avait eu raison de craindre le pire et de préparer son départ à l’avance.
Dans la rue, il eut droit à bon nombre de regards. Quelqu’un lui proposa même d’appeler la police, mais Wyatt continua à marcher. Il ne doutait pas avoir sale allure. Tout son visage était douloureux et il n’arrivait pas à garder ouvert complètement son œil de gauche dont la paupière avait dû gonfler.
Il était pressé de se réfugier dans son tout nouveau chez lui ou plutôt leur chez eux où étaient désormais installés ses affaires et celle de Kembou.
Dans la minuscule salle de bains, il contempla le désastre dans le miroir, se soigna du mieux qu’il put avec les moyens du bords, en gémissant et alla s’allonger.
Il devinait déjà que longtemps après la guérison de ses blessures, la brutalité de son père continuerait à le hanter.
Quand la clef de Kembou se fit entendre dans la serrure, Wyatt était toujours blotti dans le lit dont il n’avait pas la force de bouger.
Kembou l’y trouva et vit son visage tuméfié.
— Ce n’est tout de même pas ton père qui…
— Si.
— Je me sens coupable. C’est à cause de moi si ton père t’a frappé.
— Ne dis pas de bêtises. Furieux ou pas, homophobe ou pas, il n’a pas d’excuses.
Quand Wyatt parlait, sa peau le tiraillait et il grimaça.
Kembou s’assit sur le lit, à ses côtés.
— C’est quand même à cause de moi que vous en êtes arrivé là.
Wyatt entremêla ses doigts à ceux de Kembou, sa blancheur contrastant avec la peau chocolat. Il était essentiel que Kembou sache qu’il n’avait aucun regret.
— Non, tu sais parfaitement que j’ai toujours été le vilain petit canard parmi eux. C’est toi dont je suis le plus proche depuis que je t’ai rencontré, tu es tout pour moi, mon ami, ma famille, mon amoureux.
— Wyatt…
Et dans sa façon de prononcer son prénom, il y avait tout l’amour de Kembou.
FIN